[10/04/2007 13:27:04] PARIS (AFP) Si la création de Disneyland Paris a fait naître beaucoup d’emplois, la politique sociale du Parc de loisirs a connu de nombreux soubresauts en France depuis quinze ans, marquée par des conflits et décisions de justice sur les salaires et le temps de travail. “Toutes les avancées sociales qui ont pu être obtenues dans cette entreprise depuis quinze ans, l’ont été soit à travers les conflits, soit à travers des décisions de justice”, résume Pierre Brossard, délégué CFDT. Du côté de la direction d’Euro Disney, on préfère mettre en avant les “40.000 à 50.000 emplois permanents directs, indirects et induits” engendrés sur la période 1992-2006 par l’activité de Disneyland Paris. On souligne aussi la stabilité des effectifs – 13.076 personnes en 2005 -, l’âge moyen des salariés (33 ans pour une ancienneté moyenne de 5,6 années), et le fait que “90% des contrats sont à durée indéterminée”. Mais sur le terrain, les premières années ne furent pas roses pour les salariés du parc de loisirs de Marne-la-Vallée, contraints dès leur embauche à se soumettre aux règles strictes venues d’outre-atlantique. Hauteur des talons, longueur des ongles, choix des boucles d’oreille, moustache et mini-jupe interdites, le “Disney look” imposé aux employés a finalement été condamné en 1994 pour atteintes aux libertés individuelles et discrimination à l’embauche. “A ce sujet, la situation n’a pas véritablement évolué sur le fond”, estime David Charpentier (CFDT). Ainsi, “la semaine dernière, la direction a présenté en comité d’entreprise un projet de texte sur ‘les valeurs professionnelles et les règles morales’ à respecter par l’ensemble du personnel”, raconte-t-il. La direction “a une politique et une culture de conflictualité”, poursuit le syndicaliste, énumérant les premières grèves de 1993 “contre un plan de 950 suppressions d’emplois” et la multitude de “micro-conflits” qui ont régulièrement affecté les personnels des 500 métiers de Disneyland Paris, sans toutefois jamais bloquer l’exploitation. Le plus long bras de fer fut celui des “animateurs costumés” (en Mickey, Blanche-neige, 7 nains, etc.) qui mobilisa en 1998 jusqu’à 300 personnes pour les salaires et dura 17 jours. Celui des photographes, en 2006, dura 14 jours. L’un des derniers conflits, en septembre 2006, concernait la maintenance et a contraint la direction à revoir ses propositions pour aboutir à la signature en 2007 par les 7 syndicats d’Euro Disney d’un accord salarial “permettant le rattrapage de 3 ans de gel des salaires”, selon la CFDT. Parallèlement aux conflits, les recours judiciaires ont fleuri depuis 1992, contraignant notamment Euro Disney à “appliquer la convention collective des parcs et loisirs” (TGI de Meaux, 1998) ou “à indemniser le temps de trajet de ses salariés” (Cour d’appel de Paris 2006). “On a encore en ce moment 250 dossiers de salariés devant les Prud’hommes pour la reconnaissance de leur temps de trajet comme temps de travail effectif”, précise M. Charpentier. Les 35 heures furent également l’occasion d’un “long bras de fer d’une année et demi de négociations, d’intimidations et de pressions”, ponctué de “recours en justice et de droit d’opposition des syndicats CFDT, CFTC et Unsa”, rappelle-t-il. En décembre dernier, un accord a finalement été signé sur le dernier projet d’assouplissement des 35 heures présenté par la direction. |
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