[10/04/2007 16:47:20] LONDRES (AFP) Le prix du brut était mardi plus de cinq dollars plus cher à Londres qu’à New York, à environ 67 dollars contre moins de 62, alors que les barils s’entassent dans les stocks américains, en raison du fonctionnement ralenti des raffineries du pays. Depuis un mois, l’écart ne cesse de se creuser en faveur du pétrole Brent échangé à Londres, dans des proportions jamais vues depuis le début de sa cotation sur l’Intercontinental Exchange (ICE) en 1988. La faiblesse du “light sweet crude”, échangé à New York, “est due à une offre abondante dans le Midwest américain, (…), en particulier au terminal de Cushing dans l’Oklahoma, où est livré le contrat”, a expliqué à l’AFP Mike Wittner, de la banque Calyon. Selon le département américain de l’Energie (DoE), les stocks de brut ont grimpé de 4,3 millions de barils (mb) à 332,7 mb lors de la semaine achevée le 30 mars. Ils devraient à nouveau avoir progressé la semaine dernière, de 1,95 mb, selon les prévisions des analystes. Les stocks gonflent en raison de l’augmentation des importations de brut en provenance du Canada par les Etats-Unis, en particulier grâce à “la création de nouveaux pipelines entre la région de l’Alberta et celle du Midwest”, selon M. Wittner. En janvier 2007, les importations américaines de brut et de pétrole raffiné canadiens ont atteint, selon le DoE, 76.568 barils sur 422.325 au total, faisant du Canada le premier fournisseur des Etats-Unis, grâce aux réserves des sables bitumineux de l’Alberta, qui représentent la deuxième réserve d’or noir mondiale derrière l’Arabie Saoudite. Mais alors que le pétrole canadien afflue, “la capacité de raffinage n’a pas été augmentée”, affirme Mike Wittner, ce qui conduit à l’entassement du brut dans les stocks, et a fortiori pèse sur le cours du baril. Les raffineries américaines tournent actuellement à 87% de leurs capacités en raison d’opérations de maintenance, plus importantes aux Etats-Unis que dans le reste du monde dans la mesure où leur taux d’utilisation dépasse celui des autres pays. “Comme si cela ne suffisait pas, des interruptions de production dans plusieurs raffineries américaines sont venues compliquer davantage les conditions de raffinage”, a ajouté M. Wittner. La raffinerie MacKee, opérée par Valero, dont la production atteint 170.000 barils par jour, soit “un tiers, voire la moitié de la production physique de +light sweet crude+”, selon l’analyste, est par exemple fermée depuis mi-février, suite à un incendie. La production devrait reprendre “d’ici mi-avril”, mais seulement à 50%, a indiqué Bill Day, porte-parole de Valero, à l’AFP. En parallèle, le prix du Brent est resté ferme, soutenu par la demande vigoureuse des Européens et le déclin des réserves de la mer du Nord. “D’une manière générale, la baisse de l’offre en provenance de la mer du Nord, un fournisseur clé pour l’Europe, soutient les cours”, a expliqué Mike Wittner. De l’avis des experts, il reste 30, voire 40 ans avant que ces réserves de la mer du Nord ne s’épuisent. Du coup, le pétrole de mer du Nord est de moins en moins exporté outre-Atlantique, une autre raison de voir le Brent s’apprécier par rapport au “light sweet crude”. En effet, quand il était exporté en grande partie aux Etats-Unis, son prix de vente restait inférieur à celui de New York, afin de pouvoir ajouter les coûts de fret sans dépasser le prix de celui-ci. |
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