Les
représentants des pays du l’UMA (Union du Maghreb Arabe), qui se sont réunis
à Hammamet Sud au début du mois février 2007, à l’occasion de la rencontre
sur «le développement de la carte bancaire au Maghreb, ont recherché à
rapprocher les réglementations monétiques, et à développer la capacité de
négociation des pays de l’UMA face à Visas et Mastercard, et ce pour
abaisser le coût des transactions par l’effet du volume.
L’objectif de 10 millions de cartes maghrébines en 2010 a été fixé, soit 1
carte/8 citoyens, contre 5 millions de cartes et 1 carte bancaire/16 citoyens,
en 2007.
Les présidents des banques, des établissements spécialisés et des structures
d’appui au développement de la monétique maghrébine, ont convenu de lancer d’ici
2010 une carte bancaire maghrébine, et ce dans le but de baisser les coûts
d’acquisition et des traitements des cartes et des transactions par rapports aux
sociétés mondiales comme Visas ou Mastercard.
Dans ce domaine, le Maroc a plusieurs longueurs d’avance sur les autres pays du
Maghreb, que ce soit par l’ancienneté de l’utilisation, le nombre de porteurs
estimés à 3 millions, ou le nombre de solutions logicielles monétiques, conçues
et développées au Maroc.
En 20 ans, le Maroc est devenu un leader à l’échelle régionale et mondiale en
développement de solutions monétiques. Trois SSII (S2M, HPC, M2M) se partagent
le marché.
L’histoire de la monétique marocaine remonte en 1984, quand une SSII française,
en l’occurrence SLIGOS, devenue entre-temps ATDS Okigin, a lancé une SSII locale
S2M, avec un Marocain, grande figure de la monétique, Abdelhay El-Andalousi.
En 1988, les banques marocaines introduisent la monétique et Sligos décide de
délocaliser son centre de développement logiciel marocain vers la France,
laissent S2M avec un grand savoir-faire et des solutions monétiques. S2M,
donnera lieu à 2 SSII, M2M et HPS en 1995.
HPS Hightech Payement Systems dirigée par Mohamed Hourani est même introduite en
bourse, en décembre 2006, avec une demande 29 fois supérieure à l’offre.
Les SSII marocaines ont exporté leurs solutions logicielles au Maghreb. A titre
d’exemple, S2M équipe la GIMTEL en Mauritanie, la BIAT et la Poste en Tunisie.
Et HPS, qui équipe la BNA, vient de signer un grand projet avec l’ensemble des
banques libyennes, en remplacement d’une solution acquise en Irlande pour 10
millions de US $ et qui n’a jamais été déployée.
La Tunisie occupe la 2ème place au Maghreb, en termes d’utilisation de la
monétique et ce grâce à la SMT –Société Monétique Tunisie, qui a permis de
mutualiser les équipements et les logiciels pour l’ensemble des banques.
La SMT a exporté son savoir-faire en Mauritanie, dans le cadre d’une assistance
technique à la GIMTEL (société monétique en Mauritanie), et à la Libye, où une
banque privée utilise le serveur de la SMT en Tunisie pour la gestion des
retraits de cartes de ses clients. Le projet a été installé par NCR Tunisie.
Par ailleurs, on croit savoir que la SMT a entrepris des contacts avec les
banques algériennes où le premier GAB avec une carte Visas Internationale est
opérationnel depuis décembre 2006.
Enfin, la SMT a entrepris avec une SSII locale privée, à savoir Medsoft (www.medsoft.com.tn),
des opérations d’exportation de service vers des pays africains, comme le
Rwanda, Mali, Bostwana et le Bénin dans le cadre d’un PPP (Partenariat
public/privé).
Une intégration monétaire et monétique maghrébine est en cours, surtout entre la
Tunisie et Libye via l’hébergement du centre monétique libyen en Tunisie à la
SMT et par les dernières mesures, prises lors de la 20ème session de la haute
commission tuniso-libyenne, tenue les 17 et 18 février à Tripoli, qui a décidé
d’adopter les dinars tunisien et libyen comme monnaie d’échange pour régler en
liquide les transactions entre les 2 pays.
Rappelons qu’au terme de cet accord, les billets de dinars tunisien et libyen
pourront être échangés auprès des banques et bureaux de change agréés entre les
2 pays, ce qui en fait une acceptation d’une situation de fait sur le terrain,
puisque depuis plusieurs années les 2 monnaies sont acceptées et échangées dans
les 2 pays sur un marché de change officieux, auprès des commerçants.
Cet accord permet, depuis le 20 mars 2007, à chaque citoyen libyen ou tunisien,
de convertir son allocation annuelle de voyage, en dinars tunisiens ou libyens
sans passer par d’autres devises comme l’euro ou le dollar.
Le Maghreb par la monétique prend son chemin, et ce n’est qu’à travers ce genre
d’initiative qu’on pourra réaliser l’espace économique.
Mais une question fondamentale se pose cependant : A quand la même mesure avec
le Maroc et l’Algérie ?