CNUCED : Les tendances de l’IED dans les industries extractives
Dans
le mouvement récent d’expansion généralisée de l’investissement étranger
direct dans le monde, un certain nombre de faits nouveaux traduisent un
changement marqué de la physionomie de l’IDE. L’un des plus notables est
l’apparition des Sociétés transnationales (STN) des pays en développement en
tant qu’investisseurs importants. Ce phénomène révèle une évolution profonde
de l’économie internationale, particulièrement depuis que les pays en
développement ont commencé à prendre une part croissante dans la production,
le commerce et l’investissement mondiaux.
Une autre caractéristique importante de l’IDE depuis quelques années, liée
en partie à la progression des STN des pays en développement, est
l’accélération des investissements dans les ressources naturelles et les
branches d’activité connexes. Cette évolution tient à la forte demande de
matières premières (surtout dans les économies émergentes en croissance
rapide) ainsi qu’à l’ouverture de nouvelles possibilités d’investissements
prometteurs dans le secteur primaire. Il y a là une chance importante pour
les pays en développement bien dotés en ressources, y compris pour les pays
les moins avancés.
L’activité des STN dans les industries extractives représentait autrefois
l’essentiel de l’IDE dans le monde, mais son importance relative a décliné
régulièrement depuis les années 50, tombant à quelque 5% de l’IDE total au
début de la présente décennie, contre 32% et 63%, respectivement pour le
secteur manufacturier et le secteur des services (CNUCED, 2006).
Dans le même temps, on constate une évolution de la concentration des
investissements, qui se sont détournés des pays en développement au profit
des pays développés, en raison des nationalisations opérées dans le Sud
entre 1950 et les années 70 et de nouvelles découvertes de pétrole et
d’autres matières premières.
Depuis les dernières années 80, l’IDE dans le secteur primaire s’est
redressé, pour plusieurs raisons. Certains pays en développement ont
privatisé des actifs publics en les vendant à des investisseurs étrangers
et/ou se sont ouverts à l’IDE en installations nouvelles. D’autres ont
commencé à exploiter leurs richesses pétrolières et minérales en
encourageant activement la participation des STN qui pratiquent l’IDE.
Facteur peut-être le plus important, le gonflement des besoins de matières
premières de grands pays en développement en croissance rapide mais pauvres
en ressources naturelles, comme la Chine et l’Inde, a provoqué la montée des
STN des pays en développement ayant pour objectif premier d’obtenir des
ressources pour leur économie nationale. Beaucoup de ces entreprises se
dirigent vers des pays en développement abondamment dotés de ressources
naturelles, y compris des PMA d’Afrique, d’Amérique latine et d’ailleurs.
Jusqu’aux années 70, l’IDE dans les industries extractives était surtout le
fait de grandes STN de quelques pays développés. La situation a totalement
changé aujourd’hui, avec l’apparition de pays en développement parmi les
grands investisseurs. Dans certaines industries, par exemple celles du
pétrole et du gaz, les STN des pays en développement sont essentiellement
des entreprises publiques. En 2003, sur les 25 premières sociétés
pétrolières et gazières, 7 étaient des STN de pays développés, 15 étaient
des entreprises publiques de pays en développement ou de la Fédération de
Russie, et 3 avaient une participation minoritaire de l’État − Petrobras
Brésil), ENI (Italie) et Lukoil (Fédération de Russie) (UNCTAD, 2006).
Les compagnies pétrolières nationales ont acquis progressivement la maîtrise
de la prospection et de l’extraction depuis 30 ans et elles ont en main
aujourd’hui quelque 82% de l’ensemble des réserves de pétrole connues. Dans
l’extraction des métaux, les STN des pays développés demeurent
prédominantes, mais des entreprises d’Amérique latine, de la Fédération de
Russie, de la Chine et de l’Inde étendent de plus en plus leurs activités à
l’étranger.
En chiffres absolus, bien entendu, l’IDE dans le secteur primaire a continué
à progresser, surtout depuis 1970 : il a augmenté de 40 % dans les années
70, de 350% dans les années 80 et de 400% dans la période 1990-2003.
Les transnationales des pays développés viennent en tête avec 16 noms, sept
sociétés viennent des pays en développement et les deux autres sont russes.
Par suite des facteurs susmentionnés, l’IDE dans l’activité minière et
pétrolière s’oriente de nouveau vers les pays en développement. De nombreux
pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes ont d’abondantes réserves
de pétrole, de gaz et de minéraux. L’Asie de l’Ouest possède en abondance du
pétrole et du gaz, mais la plupart des pays d’autres régions de l’Asie sont
moins bien dotés. Les pays de l’Asie de l’Ouest sont généralement fermés à
l’IDE dans le secteur pétrolier, et de nombreux pays d’Amérique latine et
d’Afrique ne se sont ouverts à l’IDE dans les industries extractives que
dans les années 90.
En 2004 et 2005, le montant record de l’apport d’IDE en Afrique demeurait
orienté vers les ressources naturelles, particulièrement le pétrole. En
2005, les 10 principaux pays d’Afrique bénéficiaires d’IED étaient riches en
pétrole ou en minéraux métalliques. En Amérique latine, la plupart des pays
possédant d’importantes ressources naturelles ont enregistré un
accroissement de l’IDE dans les industries primaires.