[11/04/2007 06:10:36] WASHINGTON (AFP) L’économie américaine vit depuis des mois avec la crise immobilière comme épée de Damoclès, même si le scénario du pire –un effet de dominos provoquant une récession– n’est pas le plus probable. Après plusieurs années de records successifs, le retournement du marché immobilier était attendu. Les volumes de ventes comme les prix baissent, la construction marque le pas, et les stocks de logements à vendre ont dangereusement gonflé. La question reste de savoir si le pire est passé ou, dans le cas contraire, si l’économie pourra échapper à la récession. Les experts du FMI, qui tiennent leurs réunions de printemps ce week-end à Washington, se montrent rassurants. “Même s’il y a des difficultés dans un secteur important (l’immobilier résidentiel, ndlr), et des problèmes importants dans certaines régions des Etats-Unis, l’économie, dans son ensemble, est saine”, a affirmé la semaine dernière le nouvel économiste en chef du Fonds, Simon Johnson. “Le message est rassurant: nous ne pensons pas que les Etats-Unis se dirigent vers une récession”, a-t-il ajouté. Le retournement de l’immobilier a de lourdes conséquences sur l’emploi dans le bâtiment. Conjugué aux difficultés de l’automobile, il plombe aussi l’industrie qui voit diminuer la demande de biens de construction et d’équipements ménagers. Mais l’effet le plus redouté par les analystes est que les ménages diminuent leur consommation si la valeur de leur principal bien, à savoir leur maison, baisse. Un tel phénomène pourrait être provoqué par deux facteurs: d’une part par l'”effet de richesse”, les ménages se sentant moins riches si leur logement ne s’apprécie plus, et d’autre part par le tarissement des prêts supplémentaires que les Américains peuvent négocier sur la plus-value virtuelle de leur domicile. Dans un contexte d’endettement record, un ralentissement ne serait pas forcément un mal. Mais elle aurait aussi pour conséquence de freiner fortement la croissance, puisque la consommation est le premier moteur de l’économie américaine. Le mécanisme ne s’est pour le moment pas enclenché. Mais la crise pourrait en fait avoir des effets plus pernicieux en arrivant par des chemins détournés. Le grand danger vient aujourd’hui des prêts à risque (appelés “subprime”), Cette catégorie recouvre tous les emprunteurs “risqués”, n’ayant pas d’apport ou un historique bancaire déficient. Des instituts se sont spécialisés sur ce créneau et, l’euphorie immobilière ambiante, ont accepté des dossiers de plus en plus périlleux. Une constante de ces prêts est qu’ils sont à taux ajustables: après une période de quelques années –deux ou trois ans– les taux montent brutalement. Pris à la gorge, ces ménages déjà fragiles n’ont d’autres solution que de mettre leur maison aux enchères. “Il est clair que la détérioration des prêts à risque (…) aura un impact”, a estimé mardi le directeur du département marchés monétaires et de capitaux du FMI, Jaime Caruana, lors d’une conférence de presse : “cela va certainement réduire la croissance”. “Cet impact a déjà été pris en compte par les analystes dans leurs prévisions (…) donc nous ne pensons pas que cela va changer fondamentalement”, a-t-il toutefois nuancé. Pour Nigel Gault du cabinet Global Insight, “le secteur n’a pas encore touché son point le plus bas”. “La déconfiture du secteur des prêts à risques va augmenter les défauts de paiements et le surplus de logements à vendre, tandis que le durcissement des conditions de prêt freinera de nouveau la demande”, prédit-il. Une autre des inquiétudes exprimées par les analystes est que le marché de l’emploi ne cède à son tour, précipitant plus de ménages vers la cessation de paiement. Pour l’instant les nouvelles sur ce front sont plutôt rassurantes: les derniers chiffres du chômage ont révélé un marché du travail en pleine santé. |
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