[11/04/2007 12:45:55] TOKYO (AFP) Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a entamé mercredi une visite au Japon destinée à poursuivre le réchauffement diplomatique entre ces deux puissances voisines, qui ont promis de s’attaquer “franchement” à leurs éternelles pommes de discorde historiques. Au cours d’un sommet à Tokyo, M. Wen et son homologue japonais Shinzo Abe ont décidé d'”examiner l’histoire franchement” et de “construire ensemble un bel avenir aux relations bilatérales”, est-il écrit dans un communiqué commun, le premier à être publié par la Chine et le Japon depuis 1998. La visite de M. Wen au Japon, la première d’un haut dirigeant chinois depuis 2000, constitue une nouvelle étape de l’embellie diplomatique entre les deux pays, qui étaient au bord la brouille ces dernières années. Tokyo comme Pékin ont tout à gagner d’un rapprochement, que le monde économique ne cesse d’appeler de ses voeux, les échanges commerciaux et les investissements directs entre les deux pays étant en plein essor. Pékin a fait un geste mercredi en annonçant la reprise des importations de riz japonais, suspendues en 2003 officiellement pour des raisons sanitaires. Mais des points de friction demeurent entre les deux géants asiatiques, parmi lesquels le contentieux des champs gaziers qu’ils se disputent en mer de Chine orientale. Dans leur communiqué, Tokyo et Pékin “sont tombés d’accord pour en faire une mer de paix, d’amitié et de coopération”, mais aucune mesure concrète de nature à régler le différend n’a été annoncée. En outre, le ministre nippon de la Défense Fumio Kyuma a dit mercredi être “gêné” par le manque de transparence de Pékin en matière de dépenses militaires. Le pragmatisme économique pourrait cependant finir par l’emporter, selon certains analystes. “Les dirigeants chinois savent que le Japon jouerait un rôle-clé si la Chine voulait accroître encore son développement économique. Le développement de la Chine rend absolument nécessaire un bon contexte international”, estime Akihiko Tanaka, professeur de politique internationale à l’université de Tokyo. Les relations diplomatiques sino-japonaises s’étaient dégradées sous le mandat du Premier ministre Junichiro Koizumi (2001-2006), un populiste de droite qui a quitté le pouvoir en septembre. Les Chinois s’estimaient notamment blessés par ses pèlerinages répétés au sanctuaire du Yasukuni, haut lieu du nationalisme japonais. Au cours de cette longue crise, la Chine s’était opposée au voeu de Tokyo d’obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, arguant que le Japon devait d’abord faire acte de contrition pour les atrocités commises par son armée pendant la Seconde guerre mondiale. “La Chine a estimé que le Japon devrait jouer un rôle plus constructif au sein de la communauté internationale”, a également indiqué le communiqué commun, sans mentionner expressément la question du siège permanent à l’ONU. M. Abe, un “faucon” connu pour ses opinions nationalistes, a évité jusqu’à présent de dire s’il poursuivrait ou non les pèlerinages de son prédécesseur au Yasukuni. Ce silence a fortement aidé au rapprochement avec Pékin. En octobre dernier, M. Abe avait en outre brisé la glace en effectuant en Chine son premier voyage à l’étranger. Jeudi, le dirigeant chinois prononcera un discours devant la Diète, un honneur rare, puis sera reçu en audience par l’Empereur Akihito et l’Impératrice Michiko. M. Wen se rendra vendredi dans l’ancienne capitale impériale de Kyoto (ouest) où il participera à une partie de base-ball avec des étudiants, ainsi que dans la grande mégalopole voisine d’Osaka pour rencontrer les milieux d’affaires. |
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