[11/04/2007 20:09:30] WASHINGTON (AFP) Le FMI a admis mercredi que l’exactitude de ses prévisions économiques laissait parfois à désirer alors qu’il est accusé d’avoir sous-évalué systématiquement celles de certains pays comme l’Argentine et le Venezuela qui s’opposent aux politiques qu’il prône. “Comme beaucoup de gens qui font des prévisions, nous tapons de toute évidence assez rarement dans le mille”, a reconnu Tim Callen, chef du département d’études économiques du Fonds monétaire international. Celui-ci a dévoilé mercredi son “rapport sur les perspectives de l’économie mondiale” publié semestriellement. Il fait état d’une prévision de croissance de 4,9% pour l’économie mondiale tant en 2007 qu’en 2008. “Il y a des occasions où nous sommes trop optimistes sur l’économie mondiale et des moments où nous sommes trop pessimistes. Je pense que sur les deux dernières années, nous nous sommes plutôt montrés trop pessimistes”, a ajouté Tim Callen. L’an dernier à même époque, le FMI prévoyait 4,9% de croissance mondiale pour l’année 2006 alors que celle-ci a finalement atteint 5,4%. L’économiste en chef du FMI, qui vient de prendre ses fonctions, Simon Johnson, a indiqué que les prévisions n’étaient pas le seul élément important du rapport qui présentait également des analyses pays par pays et une évaluation des risques pesant sur l’économie mondiale. “Nous avons des éléments très précis sur ce qui se passe dans le monde et dans les économies, qu’elles soient grandes ou petites”, a-t-il dit. “Notre rôle est de dire très honnêtement ce qui se passe dans l’économie mondiale. Si nous y arrivons, alors nous faisons notre travail”, a affirmé M. Johnson. Le Center for Economic and Policy Research (CEPR), un institut basé à Washington, a toutefois dénoncé mercredi les erreurs du FMI concernant des pays spécifiques, notamment le Venezuela et l’Argentine. “Il est difficile de voir des erreurs importantes et répétées, surtout pour l’Argentine, et de ne pas se demander ce qui cloche”, a souligné Mark Weisbrot, directeur du CEPR. L’Argentine entretient des relations tumultueuses avec le FMI depuis la crise qui a frappé ce pays au début de la décennie et dont certains dirigeants avaient imputé la responsabilité au Fonds. L’actuel gouvernement du président Nestor Kirchner a décidé de suivre une politique économique ignorant les recommandations du FMI mais qui se traduit toutefois par une forte croissance. Le FMI lui-même a estimé mercredi qu’elle devrait atteindre 7,5% cette année et 5,5% l’an prochain. Mark Weisbrot rappelle qu’en 2003, un responsable du FMI avait qualifié la reprise de l’économie argentine de “hiatus dans un long déclin économique” et fait observer que ce pays connaît depuis cinq ans une période d’expansion économique, la plus forte en Amérique latine, avec une croissance totale de 47%. “Les sous-estimations dans les prévisions du FMI sont survenues à un moment où le Fonds était en conflit avec les autorités argentines sur une série de mesures économiques qui, contrairement aux estimations du FMI, se sont révélées fructueuses”, ajoute le responsable du CEPR. Il fait le même constat pour le Venezuela pour lequel le FMI a sous-évalué la croissance ces trois dernières années “et très probablement pour cette année aussi”. Il concède que la forte hausse des prix du pétrole, dont le Venezuela est producteur, a pu fausser les prévisions mais rappelle aussi que lors d’un coup d’Etat avorté qui visait l’actuel président Hugo Chavez en avril 2002, le FMI s’était montré très prompt à offrir son soutien au nouveau gouvernement qui n’avait toutefois tenu que quelques jours. |
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