[12/04/2007 16:51:37] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) a laissé jeudi son principal taux d’intérêt directeur inchangé à 3,75%, conformément aux attentes des économistes et des marchés. Mais la Banque centrale européenne va encore resserrer les vannes du crédit en juin: son président Jean-Claude Trichet n’a guère laissé de doute jeudi, pointant surtout du doigt les risques de dérapage des prix liés à de très fortes hausses salariales. “Je ne dirais pas quoi que ce soit aujourd’hui qui pourrait avoir pour intention de changer les attentes des marchés pour un mois ou deux”, a déclaré le Français lors d’une conférence de presse. Une façon prudemment alambiquée d’annoncer la prochaine hausse du principal taux à 4% début juin. Les marchés ont déjà intégré cette dernière “avec une probabilité de 100%”, souligne Jean-François Robin, analyste chez IXIS-CIB. En réaction, l’euro a franchi le seuil de 1,35 dollar pour la première fois depuis janvier 2005 sur le marché des changes de Londres. Le précédent tour de vis de la BCE sur son taux directeur remontait à un mois seulement. La BCE a procédé déjà à sept hausses de taux depuis décembre 2005. L’économie est en forme, et l’horizon dégagé pour 2007, a estimé M. Trichet. Selon le FMI, la croissance de la zone euro devrait même dépasser celle des Etats-Unis -en phase de ralentissement- pour la première fois depuis 2001, année des attentats. L’inflation reste pourtant sous contrôle, ce qui en théorie ne justifie pas de durcir encore les conditions du crédit. En mars, le taux provisoire s’élève à 1,9%, conforme à l’objectif de la BCE d’un indice des prix légèrement inférieur à 2% sur le moyen terme. Mais l’avenir sur le front des prix rend la BCE nerveuse. En tête de sa liste noire, ou figure aussi la menace d’une nouvelle flambée des prix du pétrole, elle cite de potentielles hausses de salaires très élevées, supérieures à la productivité, qui provoqueraient une spirale des prix. Un phénomène qui ne manquerait pas selon elle d’être amplifié en ces temps de décrue du chômage et d’économie vigoureuse. “Le Conseil des gouverneurs suit avec une attention particulière les négociations salariales en zone euro”, a prévenu M. Trichet. Il est “crucial que les partenaires sociaux fassent preuve d’un comportement responsable”. La BCE ne peut favoriser la croissance et l’emploi que si elle maintient la stabilité des prix, a-t-il insisté. Même si les craintes de la BCE ne se sont pas concrétisées, elle se défend à l’avance en soulignant qu’il vaut mieux prévenir que guérir: la BCE agira “à temps” et “fermement” afin d’éviter que des menaces inflationnistes ne se matérialisent, a martelé le Français. Ses mises en garde commencent à irriter quelque peu les partenaires sociaux. La Confédération européenne des syndicats (CES) s’est emportée contre ce qu’elle considère comme une intrusion dans des négociations salariales en cours, en particulier en Allemagne. “Les revenus des entreprises ont énormément augmenté, mais pas les salaires”, a justifié Reiner Hoffmann, secrétaire général du CES dans un entretien à la Frankfurter Rundschau, enjoignant la BCE, comme l’avait fait avant lui le patronat européen, à mettre un terme à ses hausses de taux. De nombreux économistes pensent toutefois qu’elle ne s’arrêtera pas en juin et ira jusqu’à 4,25% fin 2007. M. Trichet n’a d’ailleurs rien exclu. Tout dépendra des statistiques, a-t-il dit, même si “nous ne nous engageons pas à l’avance”. “Si l’économie de la zone euro reprend son souffle à la mi-2007 dans le sillage de la phase de faiblesse aux Etats-Unis (…), la BCE restera sans doute à 4% tout au long de 2007”, estime Holger Schmieding, économiste à la Bank of America. Avant de peut-être reprendre les remontées de taux en 2008 si les USA sortent comme prévu de l’ornière. |
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