Industrie : La Tunisie défend son textile bec et ongles
Hostile
à la proposition de règlement du Conseil de l’Union européenne 2005/0254 sur
l’indication du pays d’origine de certains produits importés de pays tiers,
la Tunisie marque un point important avec la «Déclaration de Tunis sur le
‘’Made in’’», publiée mercredi 11 avril 2007 par les organisations
professionnelles euro-méditerranéennes
Concoctée après la fin du démantèlement des AMF, en janvier 2006, la
nouvelle stratégie de la Tunisie en vue de faire face à la déferlante
asiatique en général, et chinoise en particulier, dans le domaine du
textile, est aujourd’hui bien au point et clairement affirmée. Outre le
renforcement des capacités de l’industrie textile tunisienne, cette
stratégie repose sur la mise en place d’une véritable alliance entre les
industriels du textile du Nord et du Sud de la Méditerranée. Une alliance
qui a donné ses premiers fruits sur une question considérée comme vitale par
les autorités tunisiennes : le projet de règlement européen sur le «Made
in», imposant le marquage obligatoire de l’origine des produits textiles.
En effet, le séminaire sur «les enjeux du secteur du textile et de
l’habillement dans la zone Pan Euromed», organisé mercredi 11 avril 2007 par
la Fédération Nationale du Textile (Fenatex), le Centre Technique du Textile
(CETTEX), le Centre de Promotion des Exportations (CEPEX) et le Programme de
Modernisation de l’Industrie (PMI), a été marqué par la signature par les
organisations professionnelles euro-méditerranéennes d’une «Déclaration de
Tunis sur le Made in».
Après avoir «examiné attentivement la proposition de règlement du Conseil
de l’Union européenne 2005/0254 sur l’indication du pays d’origine de
certains produits importés de pays tiers», les signataires de cette
déclaration déclarent que cette proposition «constituerait une
discrimination inacceptable et incompatible avec la politique de
construction de la zone euroméditerranéenne» et «est en contradiction avec
la politique d’accès aux marchés que l’Union européenne mène auprès de l’OMC»,
et «enverrait un signal négatif et paradoxal aux partenaires commerciaux qui
ne manqueraient pas de l’interpréter comme une forme larvée de
protectionnisme et comme un exemple à suivre». Sans oublier que cette
disposition «entraînerait un alourdissement des formalités pour les
importations en provenance de pays ayant un accord commercial préférentiel
avec l’Union européenne» et «induirait un surcoût contre-productif
important» et «des surcoûts logistiques» qui «se répercuteraient sur le prix
de vente».
Cette déclaration de Tunis «aura une influence certaine sur les débats
contradictoires qui divisent décideurs et professionnels dans plusieurs pays
européens sur ce sujet», estime M. Afif Chelbi. Qui appelle gouvernements et
professions à «relayer cette déclaration car nous restons profondément
convaincus que la consolidation d’un espace EuroMed de production est seule
à même de permettre au Sud, mais également au Nord de la Méditerranée, de
faire face aux autres ensembles régionaux».
M. Mondher Zenaïdi a, quant à lui, mis en exergue le fait que
«l’éventuelle mise en œuvre» de la réglementation européenne sur le ‘’Made
in’’ «ne pourrait que contrarier sérieusement le développement d’une logique
euro-méditerranéenne de partenariat et de coopération entre les deux rives
du Bassin méditerranéen».
L’inquiétude que lui inspire ce projet européen, ne fait pas oublier à la
Tunisie l’autre défi auquel l’industrie textile euro-méditerranéenne fait
face depuis la fin du démantèlement des AMF et auquel elle sera de plus en
plus confrontée à l’avenir : la concurrence asiatique en général et chinoise
en particulier. Et même si elle reconnaît que «les restrictions prises par
l’Union européenne à l’encontre des importations asiatiques massives ont eu
un certain impact positif», la partie tunisienne prend ces dispositions pour
ce qu’elles sont –«des mesures provisoires» et considère qu’«il faudra
nécessairement les relayer par un partenariat fort et durable dans la zone
Pan EuroMed», souligne M. Chelbi. C’est pour cela que le ministre du
Commerce et de l’Artisanat a appelé à faire en sorte que le textile euromed
«ne subisse pas dans le court et moyen terme un choc supplémentaire
d’envergure» suite à «l’érosion des avantages et ce du fait des négociations
à l’OMC et en conséquence des travaux en cours pour l’assouplissement des
règles d’origine européennes pour certaines catégories de pays (les PMA)».