[13/04/2007 14:12:58] FRANCFORT (AFP) Le début de scandale financier qui touche WestLB prend un tour politique, des responsables réclamant des éclaircissements rapides dans une affaire de manipulation de cours qui menace de plonger de nouveau la banque publique allemande dans la tourmente. Le parti social-démocrate (SPD) de l’Etat régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où est implantée la banque régionale, est monté vendredi au créneau après la découverte de spéculations boursières hasardeuses chez WestLB, par la voix de son expert pour les questions financières. “Nous attendons une prise de position du président du directoire Thomas Fischer”, a fait savoir Martin Börschel. Une demande d’explications légitime alors que le Land détient directement et indirectement près de 38% du capital de la banque. L’affaire a éclaté début avril, avec l’annonce par WestLB du licenciement de deux de ses cadres, le chef du département marché actions, Friedhelm Breuers, et un directeur exécutif. Ils sont soupçonnés d’avoir spéculé sur la différence de cours entre actions ordinaires et prioritaires de Volkswagen. L’offre publique d’achat lancée par Porsche à la mi-mars aurait réduit leurs prévisions à néant, entraînant une perte pour WestLB estimée à 100 millions d’euros. Depuis, l’affaire ne cesse de gonfler. Selon la presse allemande, des banquiers de WestLB auraient manipulé depuis 2001 les cours de Volkswagen, mais aussi de BMW et du groupe de distribution Metro dans le but d’inscrire, du moins sur le papier, des bénéfices importants pour la banque. L’annonce jeudi par l’établissement de Düsseldorf (Ouest) qu’il est devenu le premier actionnaire du constructeur automobile DaimlerChrysler avec 14% du capital a encore ajouté à la confusion, les observateurs s’étonnant qu’une banque de cette taille puisse prendre un tel paquet d’actions. Cette prise de participation, liée à des opérations de couverture de marché, n’est toutefois que temporaire, s’est empressée de faire savoir WestLB, sans parvenir à dissiper les interrogations. La banque publique se retrouve une nouvelle fois sous la menace d’un scandale financier de grande ampleur, semblable à celui qui l’avait ébranlé au début des années 2000. Des investissements à haut risque à l’étranger l’avaient alors obligée à passer d’importantes provisions pour créances douteuses. Conséquence, WestLB avait subi des pertes abyssales entre 2002 et 2004 et son patron de l’époque, Jürgen Sengera, avait dû prendre la porte. Son successeur, Thomas Fischer, est toutefois décidé à prendre les devants pour régler au plus vite cette affaire, qui vaut déjà à WestLB de faire l’objet d’enquêtes de la Bundesbank et du gendarme allemand de la Bourse, le Bafin. L’établissement bancaire a déjà porté plainte contre ses deux anciens salariés auprès du Parquet de Düsseldorf pour abus de confiance. “Nous allons examiner de près le travail, les structures et les processus au sein de nos investissements en propre, et quand c’est nécessaire, les ajuster”, promet encore M. Fischer dans une lettre à ses employés dont des sources bancaires ont confirmé l’existence. Le sujet devrait aussi faire l’objet d’une réunion exceptionnelle du conseil de surveillance de WestLB, selon la presse allemande. “Nous n’allons pas laisser détruire le succès de ces trois dernières années par quelques infractions à la réglementation”, insiste encore M. Fischer dans sa lettre. Le banquier, depuis qu’il a pris les rênes de l’institut en 2004, a en effet réussi à redresser la barre au terme d’un vaste programme de restructuration. WestLB a dégagé en 2006 un bénéfice net record de 799 millions d’euros. Son patron comptait à présent relancer l’expansion de la banque. Mais ses projets de prise de participation dans sa consoeur Sachsen LB ou de rachat de la berlinoise LBB pourraient à présent être mis à mal. |
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