Primes de départ : la polémique n’épargne pas l’Europe et les Etats-Unis

 
 
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Le coprésident d’EADS Noël Forgeard, le 28 juin 2006 à Paris (Photo : François Guillot)

[13/04/2007 15:05:04] PARIS (AFP) Le débat sur les parachutes dorés faramineux des dirigeants d’entreprises, relancé en France par les indemnités de départ de 8 millions d’euros perçues par l’ancien patron d’EADS Noël Forgeard, n’épargne pas le reste de l’Europe et les Etats Unis.

La polémique n’est pas nouvelle en France: En 2003, l’ex-PDG de Vivendi Universal Jean-Marie Messier avait dû renoncer à plus de 20 millions d’euros, une prime que la nouvelle direction du groupe était bien décidée à ne pas lui payer.

Elle a rebondi cette semaine en Belgique, où des députés se sont indignés de l'”indécence” des primes réclamées par l’ex-patron du brasseur InBev: 30 millions d’euros dont 10 de “parachute doré”, d’après le journal Le Soir.

Le débat n’épargne pas la City londonienne: Jeudi, près d’un actionnaire de BP sur cinq a voté contre le salaire accordé pour 2006 au directeur général, qui devrait partir en juillet avec une indemnité annoncée à 72 millions de livres (106 millions d’euros) dans la presse. Un montant jugé exorbitant face aux nombreux problèmes de sécurité essuyés par le groupe depuis l’explosion mortelle d’une raffinerie en 2005.

Le groupe pharmaceutique GlaxoSmithKline avait essuyé en 2003 la plus grande insurrection d’actionnaires jamais vue au Royaume-Uni. Plus de 50% des investisseurs avaient rejeté le “parachute doré” de 22 millions de livres prévu pour son PDG.

En Italie, c’est l’annonce d’une indemnité de départ de 8 millions d’euros pour le président d’Alitalia qui a soulevé un tollé en février, d’autant que la compagnie nationale a cumulé de lourdes pertes. Le ministre de l’Economie a dû indiquer que cette somme ne serait finalement pas versée.

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Le patron de la Deutsche Bank Josef Ackermann lors d’une conférence de presse à Francfort, le 2 février 2006 (Photo : Thomas Lohnes)

Le départ du patron des chemins de fer avait déjà suscité la réprobation en raison du versement, non confirmé, de 3,8 millions d’euros, alors que les comptes de la société sont désastreux.

L’opinion s’est aussi récemment enflammée aux Pays-Bas, lorsqu’il fut révélé que l’ancien directeur financier du groupe d’édition PCM avait emporté à son départ le million d’euros de bonus qu’il avait perçus lors du retrait de l’investisseur Apax. Il n’avait pas tardé à rendre la somme à PCM, qui enregistre des pertes.

Une vague de protestation dans la presse a aussi fait plier le mois dernier le suisse Novartis, décidé à supprimer le parachute de son PDG à l’issue de son contrat en 2009. Ses traitements étaient jugés exorbitants.

Ces affaires finissent parfois devant les tribunaux, comme en Allemagne, où le versement de 57 millions d’euros de bonifications à des responsables de Mannesmann, après son rachat par Vodafone, avait fait scandale.

Six responsables, dont l’actuel président de la Deutsche Bank Josef Ackermann, ont été jugés entre autres pour abus de confiance. La justice a mis un terme à leurs soucis judiciaires en novembre mais contre de lourdes compensations financières.

L’ex-dirigeant de l’assureur suédois Skandia a aussi été condamné l’an dernier à deux ans de prison pour abus de confiance aggravé. Les Suédois avaient été choqués par ses 3,5 millions d’euros de primes.

Mais ces sommes sont sans commune mesure avec celles atteintes aux Etats-Unis: le patron du groupe de bricolage Home Depot est parti début 2007 avec 210 millions de dollars, malgré des résultats médiocres.

Les primes de départ “sont courantes” dans le pays mais “il y a régulièrement des protestations de la part des investisseurs et actionnaires”, remarque James Reda, du cabinet James Reda & Associates.

Du coup, “les initiatives des actionnaires, ajoutées à des articles de presse négatifs, peuvent limiter les compensations très importantes”.

Les dirigeants de PSB Bancorp ont ainsi accepté de réduire de plus de moitié leurs primes à la suite de pressions.

 13/04/2007 15:05:04 – © 2007 AFP