[13/04/2007 21:28:52] WASHINGTON (AFP) L’incertitude continue de peser sur le sort du président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, désavoué par ses actionnaires et ses employés qui l’accusent de népotisme, mais soutenu par l’administration américaine qui l’a nommé. “Le président a confiance en Paul Wolfowitz et dans son travail” à la Banque mondiale (BM), a déclaré vendredi une porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino. En vertu d’une règle non écrite, les Etats-Unis désignent le président de la Banque mondiale tandis que l’Europe a la main sur la direction du FMI. Le candidat démocrate à la présidentielle John Edwards est devenu vendredi le premier homme politique américain à réclamer la démission de l’ancien numéro deux du Pentagone, l’un des principaux architectes de la guerre en Irak. Les employés de la BM, outrés par ce qu’ils considèrent comme une faute morale, ont également demandé à leur patron d'”agir avec honneur et démissionner”. Vendredi, plusieurs ONG, dont l’appui contribue à l’efficacité de la Banque sur le terrain, ont aussi demandé le départ de M. Wolfowitz. “Alors qu’il se pose en apôtre de la lutte contre la corruption, Wolfowitz est pris la main dans le sac. La seule issue acceptable est sa démission immédiate”, a estimé le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM). Oxfam a jugé que “si le conseil l’administration de la Banque mondiale estime que les règles ont été violées” par M. Wolfowitz, “il est difficile qu’il continue”.
L’affaire porte sur des augmentations de salaire consenties à la compagne de Paul Wolfowitz, Shaha Riza. Elle-même ex-responsable de la communication de la BM pour le Moyen-Orient, Mme Riza avait été détachée de cette institution en septembre 2005 pour rejoindre le département d’Etat, quelques mois après l’arrivée à la présidence de M. Wolfowitz. Selon des documents internes à la Banque, elle aurait reçu, sur ordre de M. Wolfowitz, plus de 60.000 dollars d’augmentation de salaire portant ses émoluments à quelque 200.000 dollars par an. Paul Wolfowitz doit apprécier “lui-même” s’il est “en position de poursuivre sa mission”, a estimé vendredi le ministère français des Affaires étrangères. “Il faut voir si Wolfowitz pourra conserver l’autorité morale nécessaire pour exercer ses responsabilités”, a également déclaré le ministre brésilien des Finances Guido Mantega, à Washington. “Nous suivons l’affaire avec attention. J’espère que cela va se résoudre rapidement”, a pour sa part déclaré le ministre italien des Finances Tommaso Padoa-Schioppa, vendredi à Washington. Les administrateurs n’ont pour l’heure proposé aucun “remède” susceptible de résoudre la situation, comme l’intéressé l’avait suggéré jeudi, en présentant publiquement ses excuses. Ils semblent avoir laissé à M. Wolfowitz la possibilité de quitter la scène de sa propre initiative, tout en se réservant le dernier mot. Dans un communiqué, le conseil a indiqué qu’il “agira rapidement pour déterminer les mesures à prendre”. Mais il a “peu de chance” de se réunir à nouveau avant une rencontre des gouverneurs de l’institution prévue dimanche matin, a-t-on appris vendredi de source européenne. Cette crise intervient alors que les ministres des Finances des principaux pays représentés au conseil d’administration de la Banque sont arrivés à Washington pour un sommet du G7 vendredi dans la capitale américaine. Ce G7-Finances précède traditionnellement les assemblées de printemps de la Banque mondiale et du FMI qui se tiennent ce week-end également à Washington. |
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