Je reviens
m’exprimer suite à une intervention dans laquelle je lis à propos de la
langue arabe “C’est un héritage sacré qui ne devrait pas être profané”.
Pourquoi cet héritage serait-il plus sacre qu’un autre ? Notre terre a été
envahie au gré des siècles par les peuplades les plus diverses.
En remontant dans mon
arbre généalogique, je retrouve pas moins de 7 origines très différentes les
unes des autres, de trois continents, et l’Arabe est loin d’être la plus
présente! Je suis Tunisien, nous le sommes tous, du berbère dans son village
troglodite (sans doute le seul à avoir une “origine” plus ou moins fiable…
et vraiment locale), à l’immigré “récent” dont les aïeux parlaient turc ou
maltais, en passant par le descendant d’esclave à la peau noire ou le “beldi”
blond aux yeux bleus, dont l’ancêtre a été enlevé dans son enfance dans un
village bulgare par des soldats turcs.
Ceci pour répondre au
caractère “sacré” de l’arabité de la Tunisie, arabité “partielle” mais bien
réelle que par ailleurs personne ne nie. Cette arabité s’exprime à travers
notre langue tunisienne, qui est arabe comme le roumain et le français sont
des langues latines, puisant dans un fond commun et s’enrichissant, chaque
jour, d’éléments propres venant de leurs histoires distinctes. Le seul
obstacle psychologique à l’émancipation des langues nationales du monde
arabe est le Coran, qui représente le dénominateur commun pas seulement de
tous les musulmans, mais, bien plus, de tous ceux qui, consciemment ou non,
désirent appartenir à une “nation” arabe. Un désir réducteur qui, pour
paraphraser le même intervenant que plus haut, tend à détruire toute âme et
toute saveur a la culture tunisienne. Et quant à faire respecter sa langue
et sa culture, que celles-ci soient tunisiennes et non, une pale copie de ce
que produit un orient dominateur. Ce n’est pas en singeant les autres que
l’on s’impose. Soyons nous-mêmes!
Hamadi Bahri Cadre
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