La Poste française montre l’exemple en commandant 500 véhicules électriques

 
 
SGE.POR71.170407082002.photo00.quicklook.default-245x176.jpg
Deux véhicules électriques Cleanova II testés par la Poste, le 21 octobre 2004 à Paris (Photo : Jack Guez)

[17/04/2007 08:20:19] PARIS (AFP) La Poste française lancera cette semaine un appel d’offres européen pour intégrer dans sa flotte 500 véhicules électriques et veut faire grimper ce chiffre à 10.000 en cinq ans, une première mondiale pour stimuler l’adoption des voitures propres.

Les premiers véhicules devraient être livrés en 2008.

“Il n’y a jamais eu de commande aussi importante dans le monde”, a souligné le ministre délégué à l’Industrie François Loos dans un entretien à l’AFP.

“Cette expérimentation grandeur nature lance vraiment la voiture électrique en France, de manière visible par tous, et permettra de définir les conditions économiques et techniques” de son déploiement, a-t-il estimé.

Avec 60.000 véhicules, 30.000 vélos, 25 avions et 3 TGV, La Poste a la plus importante flotte d’entreprise en France. Elle veut réduire de 5% ses émissions de CO2 en transport d’ici fin 2007.

L’établissement public teste depuis 2005 à Paris et Bordeaux huit voitures électriques Cleanova II, conçues par la Société des véhicules électriques (SVE), filiale commune de Dassault et du carrossier Heuliez.

SVE, le groupe Bolloré et les constructeurs automobiles sont les candidats français potentiels à cet appel d’offres.

“L’expérience est concluante, avec une autonomie suffisante et une grande fiabilité”, indique le président de La Poste Jean-Paul Bailly: “le véhicule électrique est très bien perçu par les facteurs, en termes de bruit et de stress notamment”, “les coûts d’entretien et l’usure sont moins importants, le taux de panne très limité”.

Un test crucial: en 1996, La Poste avait acheté 700 véhicules électriques à Peugeot mais l’expérience a échoué, leur autonomie ne permettant de tenir que 30 kilomètres. Elle n’en a plus qu’une centaine.

“Il reste deux inconnues majeures: le coût d’achat ou de location des véhicules et la durée de vie des batteries”, relève M. Bailly, revendiquant de vouloir “prendre des risques”.

Une voiture électrique étant plus chère que celle à essence, La Poste bénéficiera d’aides publiques: “j’ai demandé que l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) applique à La Poste son dispositif d’aide à l’achat de voiture électrique destiné aux particuliers, soit 3.200 euros par véhicule”, a indiqué M. Loos.

La Poste, qui dépense 70 millions par an en carburant, économisera à l’usage: “d’après nos tests, un plein électrique coûte six fois moins cher qu’un plein de diesel”, selon M. Bailly. Elle produira chaque année 2.000 tonnes de CO2 en moins.

“Ce n’est qu’un premier appel d’offres: si la réussite économique et technique se confirme, si une dynamique industrielle se développe pour faire baisser les coûts, notre souhait est de passer d’autres appels d’offres pour avoir à terme une proportion non négligeable de notre flotte en véhicules électriques”, affirme M. Bailly.

“Un quart de notre flotte, soit environ 10.000 véhicules électriques, me paraît un objectif raisonnable à horizon de cinq ans”, dit-il.

“Cet appel d’offres devrait favoriser l’industrialisation et inciter d’autres entreprises qui ont des flottes importantes à suivre l’initiative, comme EDF (qui en teste déjà, ndlr) ou France Télécom”, espère M. Bailly, rêvant d’un “cercle vertueux”: “plus les entreprises suivront, plus l’industrialisation ira vite, plus les coûts baisseront”.

“La Poste joue le rôle de précurseur”, s’est félicité M. Loos: “c’est à partir de cette expérience que l’on pourra plus facilement généraliser la voiture électrique aux autres flottes d’entreprises et de collectivités”, avant de séduire, peut-être, le grand public.

 17/04/2007 08:20:19 – © 2007 AFP