Grande-Bretagne : l’inflation fait passer à la livre le seuil symbolique de 2 dollars

 
 
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La Banque d’Angleterre, à Londres, le 13 janvier 2004 (Photo : Adrian Dennis)

[17/04/2007 13:39:10] LONDRES (AFP) La livre sterling a franchi le seuil de deux dollars pour la première fois depuis septembre 1992 mardi sur le marché des changes, en raison d’une forte accélération de l’inflation au Royaume-Uni en mars.

La devise britannique a progressé jusqu’à 2,0037 dollar mardi.

Elle n’avait plus atteint ce prix depuis septembre 1992, juste avant que le Royaume-Uni ne sorte du système monétaire européen (SME).

Cette poussée a été provoquée par le dérapage surprise de l’inflation à 3,1% sur un an en mars au Royaume-Uni, un record depuis le début de cette série statistique en 1997.

Ce rythme d’inflation rend de plus en plus probable une hausse des taux d’intérêt britanniques à 5,50% en mai, ce qui serait le quatrième resserrement monétaire depuis août. Selon le cabinet Capital Economics, les taux pourraient même grimper à 5,75% d’ici juin.

Dans une lettre ouverte au ministre des Finances publiée mardi, le gouverneur de la BoE Mervyn King a d’ailleurs rappelé la détermination de la banque centrale à établir les taux d’intérêt au niveau requis pour ramener à terme l’inflation vers 2%.

A 5,50%, les taux britanniques seraient à leur plus haut depuis avril 2001, et à un niveau supérieur aux taux américains pour la première fois depuis décembre 2005.

Depuis début août, la livre a pris 7,3% au billet vert, à mesure que le différentiel de taux d’intérêt entre les deux économies se rétrécissait. De meilleurs rendements au Royaume-Uni rendront la livre encore plus attrayante aux yeux des investisseurs, d’autant que le dollar souffre à l’heure actuelle du ralentissement économique en cours aux Etats-Unis.

Cette vigueur pourrait aussi tenter les banques centrales mondiales. La part de la livre dans les réserves de change identifiées des banques centrales est passée de 3,62% fin 2005 à 4,43% un an après, ce qui en fait la troisième monnaie de réserve mondiale, selon le FMI.

Les analystes se penchaient mardi sur les conséquences d’une livre à 2 dollars.

“Les gagnants les plus évidents seront les touristes britanniques se rendant aux Etats-Unis ou dans des régions où la devise est liée au dollar. Au contraire, le Royaume-Uni comme destination touristique va devenir plus cher” pour les Américains, remarquait Howard Archer, chez Global Insight.

En termes de politique monétaire, la livre élevée n’est pas une mauvaise nouvelle pour la Banque d’Angleterre, puisqu’elle a un effet désinflationniste, en rendant meilleur marché les biens importés. Assortie à une hausse des taux de 5,50% en mai, une livre à deux dollars pourrait tempérer l’inflation.

Cet effet désinflationniste profitera aux entreprises dépendantes des matières premières dont les prix sont libellés en dollars, mais aussi aux consommateurs de biens importés.

Les exportateurs en revanche seront exposés dans la mesure où leur compétitivité sera érodée par la livre chère. Ils seront affectés sur le marché américain, mais aussi sur les marchés où ils sont en concurrence avec les exportateurs américains.

A terme, cela pourrait contribuer à aggraver le déficit commercial britannique. En février, il s’est creusé à 6,8 milliards de livres, en particulier à cause des échanges hors d’Europe, donc en grande partie avec la zone dollar.

Les multinationales britanniques réalisant une grosse partie de leurs bénéfices outre-Atlantique, comme Diageo, Rolls-Royce, ou GlaxoSmithKline, verront quant à elles leurs capitaux rapatriés entamés par le taux de chnage.

Pour Ian McCafferty, économiste du syndicat patronal CBI, une livre à deux dollars “a une portée plutôt symbolique que des conséquences économiques immédiates. Mais si elle se maintient au-dessus de ce seuil, elle pourrait avoir un effet contrasté sur l’économie”, a-t-il avancé.

 17/04/2007 13:39:10 – © 2007 AFP