[17/04/2007 11:44:05] MILAN (AFP) L’abandon par l’américain ATT de son projet d’entrer au capital de Telecom Italia, l’un des fleurons industriels de l’Italie, a relancé mardi la polémique sur l’interventionnisme de l’Etat dans le monde des affaires de la péninsule. “L’Italie est vraiment un beau pays (+bel Paese+, surnom de la péninsule), un marché singulier. Félicitations”, a lancé le patron de Pirelli, Marco Tronchetti Provera, également premier actionnaire de Telecom Italia. “Ils les ont fait fuir, c’est ça le marché italien”, a-t-il ajouté dans un entretien à Il Sole 24 Ore, son accusation s’adressant au gouvernement de centre-gauche dirigé par Romano Prodi. Le groupe américain ATT a annoncé lundi soir qu’il renonçait à entrer au capital du premier opérateur italien de télécommunications, évoquant le risque de “possibles problèmes réglementaires”. Cette explication a été interprétée comme un signe de défiance envers le monde politique italien et de prudence face aux nombreuses incertitudes entourant l’éventuelle séparation du réseau fixe de l’opérateur du reste de ses activités. Le gouvernement italien prépare en effet un amendement confiant à l’autorité de régulation des télécommunications le soin de garantir l’égalité d’accès des opérateurs à ce réseau, sans exclure une séparation complète de ce réseau du reste des activités de Telecom Italia. “La partie sera encore longue. Je crois que d’autres protagonistes vont encore intervenir. Le retrait d’ATT n’est ni positif, ni négatif, il n’est qu’un acte d’une longue comédie, ou d’une tragédie ou d’un film”, a réagi Romano Prodi. Privatisé en 1997, Telecom Italia a été repris par un groupe d’homme d’affaires du nord de l’Italie en 1999 qui ont revendu leur participation de contrôle à Marco Tronchetti Provera en 2001. Le patron de Pirelli cherche à vendre cette participation depuis l’été dernier pour mettre un terme à une aventure couteûse, évaluée à 3 milliards d’euros pour son groupe. Il a échoué dans une première tentative avec le milliardaire australien Rupert Murdoch à l’issue d’une violente polémique avec M. Prodi qu’il accusait déjà d’interférer dans les affaires d’un groupe privé. L’espagnol Telefonica a ensuite mis un terme en mars à un projet de prise de participation dans le groupe italien, mais cette fois en raison du refus du patron de l’époque de Telecom Italia, Guido Rossi, de lier un partenariat industriel exclusif avec l’opérateur espagnol. Pour l’opposition de centre-droit, le retrait d’ATT va nuire un peu plus à l’image de l’Italie sur les marchés de capitaux. “Quel que soit son épilogue, cette histoire est déjà assez scandaleuse: on a voulu changer les règles en cours de jeu. Cela a déjà été le cas avec la fusion avortée d’Autostrade (avec l’espagnol Abertis)”, a estimé Bruno Tabacci, du parti centriste UDC. Dans sa quête d’un repreneur, Pirelli compte encore sur le groupe mexicain America Movil, toujours intéressé par une prise de participation dans Olimpia, la holding détenant 18% de Telecom Italia. Parallèlement, les noms de Roberto Colannino, à la tête de l’offre menée en 1999 par des hommes d’affaires sur Telecom Italia, et du groupe de télévision privée Mediaset, propriété de Silvio Berlusconi ont refait surface. “Les grandes entreprises doivent rester italiennes car entre Italiens il y a tôt ou tard un accord. Avec les autres c’est plus difficile”, a estimé Sergio Romano, éditorialiste du Corriere della Sera. |
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