[17/04/2007 16:04:48] STRASBOURG (AFP) Microsoft a dévoilé mardi à Strasbourg une version bilingue franco-alsacienne de la suite de logiciels de bureautique Office, une première mondiale qui fera prochainement des émules en Bretagne et en Ecosse. Entre l’albanais et l’amharique d’Ethiopie, l’alsacien, traduit en près de 50.000 mots et expressions, ne sera qu’une des cent langues dans lesquelles Office 2007 doit être disponible à terme. Mais l’innovation réside dans le caractère bilingue de la version alsacienne, sous la forme d’un logiciel additionnel téléchargeable gratuitement. Il permet l’affichage de bulles explicatives en alsacien, liées au déplacement de la souris, et sera également compatible avec les logiciels de la concurrence pour peu qu’ils fonctionnent sur le système d’exploitation Windows et qu’ils utilisent les mêmes expressions. Ouvert et libre de droits, ce système de traduction baptisé “CLIP” est également “mis à la disposition de toutes les sociétés qui développent des logiciels”, a précisé lors d’un point presse Bertrand Launay, directeur général adjoint de Microsoft-France. Né d’une coopération entre Microsoft et le conseil régional d’Alsace, le projet a mobilisé des étudiants et chercheurs de l’institut de dialectologie de l’université Marc Bloch, sous la houlette de l’Office pour la langue et la culture d’Alsace (OLCA). Le géant américain des logiciels a engagé de son côté une équipe de concepteurs en interne, et subventionné l’OLCA à hauteur de 5.000 dollars (près de 4.000 euros). Le projet fait d’ores et déjà des émules, puisque des accords ont également été conclus en vue d’une traduction en breton, en écossais, ainsi qu’en K’iche, une langue régionale du Guatemala, a précisé Christian Ichter, directeur régional de Microsoft en Alsace. “La principale difficulté a été de ne pas céder à la tentation +d’alsaciser+ des mots français ou allemands existants et de trouver des expressions bien de chez nous pour ce vocabulaire souvent technique”, a expliqué à l’AFP Fanny Hommel, une des étudiantes mobilisées pendant cinq mois par ce projet. “L’alsacien étant une langue très imagée, ce sont les images que nous avons privilégiées”, a-t-elle expliqué. “Dossier” devient ainsi “fichier-schüblàde” (tiroir à fichiers), et “navigateur web”, “webschnüffler” (fureteur du web), ou clavier, “taschtbrett” (‘planche à touches’). Confrontés à la grande diversité des dialectes alsaciens, les linguistes ont fait le choix de privilégier le strasbourgeois pour la première version. Mais des versions haut-rhinoises, dont une notamment en dialecte de la vallée du Sundgau, sont déjà à l’étude. Le président UMP du conseil régional d’Alsace, Adrien Zeller, s’est félicité de cette “réconciliation d’un legs de l’Histoire avec la modernité et la mondialisation”, espérant que cette démarche contribue non seulement à réduire la fracture numérique, mais aussi à “faire en sorte que beaucoup de jeunes puissent aussi retrouver un patrimoine”. La région a ainsi décidé de déployer 2.000 versions alsaciennes d’Office dans les lycées dans les prochaines semaines. Relativement bien implanté par rapport à d’autres dialectes régionaux, l’alsacien est parlé quotidiennement par quelque 35% des habitants de la région. Mais si les quelque 600.000 dialectophones sont nettement plus âgés et plus ruraux que la moyenne, seuls 15% des jeunes Alsaciens sont encore en mesure de le parler. |
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