Souhaïl
Hachicha est l’un des chefs d’entreprise les plus connus dans le pays. Sa
courtoisie, son professionnalisme ne sont pas à démontrer. Idem pour ses
relations (et celles de son groupe) avec nos différents partenaires
étrangers, arabes et européens. A vrai dire, il m’a étonné par sa récente
réaction dans notre rubrique «courrier des lecteurs»et sa position contre l’heure d’été.
Je comprends parfaitement que le citoyen lambda réagisse contre cette heure
d’été et adopte un conformisme classique, rétif à tout changement bousculant
les habitudes. Mais qu’un chef d’entreprise introduit -dont les activités
sont étroitement liées à la consommation du citoyen, son pouvoir d’achat et
la bonne santé économique du pays- réagisse négativement à une mesure sensée
nous faire du bien, oui je suis étonné. Et à ce titre, j’aimerais lui poser
ces simples (voire bêtes) questions. Le jeûne du ramadan n’est pas lié à un
horaire particulier, mais il est lié au lever et au coucher du soleil. Que
l’on avance ou que l’on recule d’une heure nos montres, la durée du jeûne
restera telle qu’elle. L’argument brandi par plusieurs ne saurait trouver de
place, à mon avis, chez un chef d’entreprise.
Concernant le réveil et le coucher des enfants, arrêtez-moi si je me
trompe, mais si un jeune élève se couche à 21 heures (et il ne fait plus
jour) et se lève à 6h30, celui-ci aurait donc fait 9h30 de sommeil. Cela
n’est pas suffisant pour lui ? Et puis, arrêtez-moi encore, que font les
élèves des pays européens (notamment au Nord) ? Ne se couchent-ils donc pas
alors qu’il fait encore jour ? Qu’il y ait quelques jours de flottement,
c’est certain, mais au bout de quatre cinq nuits, ils auront fini par
s’habituer. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si l’on choisit de passer à
l’heure d’été ou à l’heure d’hiver un dimanche. Un dimanche qui tombe, en
plus, au milieu des vacances de nos bambins. Je zapperai l’argument de
l’économie générée en énergie et en carburant pour présenter un argument qui
aurait dû être, à mon sens, le leitmotiv principal de nos chefs d’entreprise
et de nos citoyens. Quand on quitte son bureau lorsqu’il fait encore jour,
qu’allons-nous faire en général ? Pour ma part, je m’occupe de mes enfants
(et ceci n’a pas de prix), je les fais sortir et on ira consommer ! Que ce
soit au supermarché, au café, dans un centre de loisirs ou dans les
magasins, allez voir le dynamisme créé ces dernières semaines durant la
tranche horaire 17-20 heures. Ce n’est pas de la croissance en plus tout
cela ? Et comment peut-on la chiffrer ? C’est à vue d’œil certainement
beaucoup plus que les 6,8 millions de dinars brandis par la STEG. Énormément
plus !
Et à cet unique argument, je pense que l’on aura vite fait de trancher en
faveur de l’heure d’été. Que M. Hachicha m’excuse de plagier sa belle phrase
(il écrit si bien, je le sais) mais cette croissance ne va-t-elle pas en
profiter autant que patron qui va faire, en plus, des économies en
électricité, en climatisation et différentes autres sources de dépenses
générées par l’heure d’hiver ?
Dernière remarque, que j’ai déjà présenté dans une précédente chronique,
si l’heure d’été a montré ses preuves dans les pays développés, pourquoi
cherche-t-on coûte que coûte à démontrer le contraire chez nous ? Si cette
heure était mauvaise (comme le répètent quelques voix aussi bien au Nord
qu’au Sud), cela se saurait et elle aurait été, depuis des lustres,
supprimée !