[18/04/2007 17:30:19] PARIS (AFP) La polémique sur les indemnités de départ d’EADS de Noël Forgeard a rebondi mercredi à quatre jours de la présidentielle, avec la mise en cause du ministre de l’Economie Thierry Breton, qui aurait avalisé le versement de ce parachute doré, accusation démentie avec vigueur par Bercy. Selon l’hebdomadaire Challenges à paraître jeudi, M. Breton est intervenu pour que l’ex-coprésident exécutif d’EADS puisse quitter le groupe avec les indemnités prévues dans son contrat de travail, contre l’avis des membres du conseil d’administration. “Tant Arnaud Lagardère, actionnaire français d’EADS, que Manfred Bischoff, représentant de DaimlerChrysler au conseil d’administration du groupe aéronautique européen, souhaitaient que (Noël) Forgeard fasse place nette sans se prévaloir de son parachute doré”, écrit le magazine économique. La solution aurait alors été de le licencier pour faute, ce qui aurait entraîné un recours en justice de M. Forgeard, au risque de mettre en avant les différends franco-allemands et les difficultés du programme A380, explique le journal. “Il n’en a pas fallu davantage pour que Thierry Breton, le ministre de l’Economie, impose un règlement négocié”, écrit Challenges. Toujours selon le magazine, M. Breton a donc fait appel à Maurice Lévy, président du directoire de Publicis, pour servir de médiateur. “Son rôle a consisté à convaincre Noël (Forgeard) de partir et à convaincre les actionnaires d’accepter une séparation à l’amiable”, explique un proche du dossier cité par Challenges, ajoutant que la seule solution consistait à respecter le contrat et verser les indemnités prévues. A son départ d’EADS, M. Forgeard a touché 6,1 millions d’euros d’indemnités, plus une prime de non-concurrence de 2,4 millions. Le scénario avancé par Challenges est récusé par Bercy et le groupe Lagardère. Ces “allégations concernant le rôle supposé de l’Etat sont totalement infondées et grossièrement erronées”, a affirmé le ministère de l’Economie. “Les conditions de départ de M. Forgeard (…) ont été arrêtées par la seule entreprise EADS sans que l’Etat y soit associé sous aucune forme”, a-t-il assuré, soulignant que l’Etat n’avait pas “de représentant au conseil d’administration de cette entreprise, lequel est le seul organe souverain habilité à décider de la rémunération des dirigeants du groupe”. Dans un autre “démenti formel”, le groupe Lagardère “rappelle” de son côté “que Noël Forgeard bénéficiait d’un contrat (…) dont les clauses avait été fixées par le (conseil) d’EADS en 2000, clauses qui ont été factuellement appliquées au moment de son départ”. Le premier secrétaire du PS François Hollande a jugé mercredi que M. Breton “devrait immédiatement présenter sa démission”, s’il s’avérait que le ministre a “bien donné son accord au versement de cette indemnité”. L’Etat est actionnaire à hauteur de 15% d’EADS mais les intérêts français sont officiellement portés au sein du conseil par le groupe Lagardère (15%, dont 7,5% en cours de cession), qui a le pouvoir de décision avec l’actionnaire allemand DaimlerChrysler. L’Etat suit toutefois de près la vie du groupe et les dossiers sensibles ont toujours été évoqués au plus haut niveau politique entre les deux pays. Dans une interview à paraître jeudi dans Le Point, Arnaud Lagardère, coprésident du conseil d’EADS, assure d’ailleurs que “les actionnaires privés” n’ont “pas un mandat de gestion sans contrôle de l’Etat”. La révélation du montant des indemnités de M. Forgeard avait provoqué un tollé, plusieurs candidats à la présidentielle estimant qu’il devrait rendre les millions touchés. |
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