[18/04/2007 12:44:16] LONDRES (AFP) Le numéro trois mondial du disque, le britannique EMI, mis en difficulté financière par le ralentissement de ses ventes, a annoncé mercredi qu’il ne verserait pas de dividendes avant 2009 et qu’il allait lever de l’argent frais en titrisant des actifs. Le groupe, qui a abaissé ses prévisions de chiffre d’affaires à deux reprises depuis le début de l’année, a parallèlement confirmé que ses ventes de musique avaient reculé de 15% à taux de change constants sur l’exercice 2006/2007 achevé fin mars, par rapport au précédent. EMI, qui édite notamment les albums de Gorillaz, Robbie Williams et Coldplay, mais aussi des Beatles et des Rolling Stones, table cependant sur un excédent brut d’exploitation, hors éléments financiers exceptionnels, de 174 millions de livres (256 millions d’euros), soit plus que les analystes. La nouvelle était bien accueillie à la Bourse de Londres, où le titre EMI gagnait 8,48% à 233,50 pence à 11H30 GMT, pour une capitalisation de 1,87 milliard de livres. L’action accuse encore, cependant, une baisse de plus de 12% sur les douze derniers mois. Le groupe, qui a repoussé en mars une nouvelle offre d’achat de 2,1 milliards de livres de son concurrent américain Warner Music, est confronté à une baisse de ses ventes face à la concurrence de la musique téléchargée, en particulier sur le marché américain, son point faible. Il a mis en place en janvier un plan de restructuration visant à économiser 110 millions de livres par an d’ici 2009 et a précisé mercredi que des économies de 70 millions seraient dégagées dès l’an prochain. Toutefois, il ne versera pas de dividendes avant d’avoir atteint son objectif, en 2009. EMI, dont la dette nette s’élevait à 910 millions de livres à fin mars, a ajouté qu’il avait mandaté Deutsche Bank et Royal Bank of Scotland pour lever de l’argent via une titrisation des actifs de sa filiale de gestion des droits d’auteur, EMI Publishing, qui a maintenu ses revenus l’an dernier. La titrisation est une opération financière consistant à transformer des actifs détenus par une société en titres cédés sur le marché ou de gré à gré. Concrètement, EMI va émettre des obligations adossées aux actifs de son catalogue musical. Selon les analystes, ces titres portent généralement un intérêt moindre que les simples obligations, car leur remboursement est garanti par les revenus futurs des actifs titrisés, et non sur la seule promesse de l’entreprise à s’acquitter de sa dette. Or, EMI Publishing perçoit des royalties à chaque fois qu’une chanson d’un artiste au catalogue de la maison de disques passe à la radio, à la télévision ou est utilisée dans tout autre cadre commercial. La titrisation “serait une mesure sensée et probablement nécessaire, qui pourrait réduire significativement le paiement des intérêts” sur la dette du groupe, a commenté la maison de courtage Numis Securities dans une note. Un autre analyste, ne souhaitant pas être nommé, a toutefois estimé que l’opération avait un “parfum de désespoir” et montrait que EMI “était à court de solutions financières”. |
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