[18/04/2007 22:17:24] NEW YORK (AFP) Le billet vert a continué de battre en retraite mercredi sur le marché des changes, l’euro dépassant 1,36 dollar pour la première fois depuis fin 2004 et la livre sterling grimpant au plus haut depuis presque 26 ans face à une monnaie américaine affaiblie. La devise européenne a atteint 1,3616 dollar, à un demi-cent de son record du 30 décembre 2004 (1,3666 dollar), tandis que la livre sterling s’est hissée à 2,0133 dollars, au plus haut depuis juin 1981. Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), l’euro cotait 1,3607 dollar et la livre 2,0083 dollars. “Le billet vert est miné face à l’euro par des spéculations continues du marché sur le fait que le ralentissement de l’activité économique aux Etats-Unis va contraindre la Réserve fédérale à commencer à assouplir sa politique monétaire dans le courant de l’année”, a expliqué Paul Chertkow, de la Bank of Tokyo-MUFJ. La Fed a laissé ses taux d’intérêt inchangés à 5,25% depuis l’été dernier, alors que la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre ont relevé les leurs à plusieurs reprises depuis, augmentant ainsi le rendement des capitaux investis en euros et en livres aux dépens de ceux placés en dollars. Le pic de l’inflation à 3,1% en mars en Grande-Bretagne, révélé mercredi, a incité les économistes britanniques à revoir leurs prévisions de taux à la hausse, jusqu’à 6% pour certains, tandis qu’un relèvement des taux européens à 4% semble acquis en juin, certains analystes anticipant déjà les 4,25%. Dans ce contexte, “la punition continue pour le dollar”, a commenté Peter Franck, économiste de la banque ABN Amro. “Le dollar reste largement sous pression”, a renchéri Gavin Friend, de la Commerzbank, ne voyant rien “qui puisse inciter le marché à avoir une meilleure opinion du billet vert”. Cette forte appréciation de l’euro et de la livre n’a guère suscité pour l’instant de réactions politiques en Europe, alors que le G7 est resté silencieux sur la question ce week-end à Washington. Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, qui regroupe les ministres des Finances de la zone euro, s’est contenté d’un faible avertissement contre le “carry trade” mercredi, affirmant que “les marchés ne devraient pas s’aventurer dans des paris à sens unique”. Le “carry trade” est une pratique répandue sur le marché des changes, qui consiste à exploiter les différences de rendements entre les devises en empruntant dans les pays à bas taux pour investir dans les pays où ils sont plus élevés. Le président du Conseil italien, Romano Prodi, avait lancé lundi un message mi-figue, mi-raisin, en espérant que l’euro ne s’apprécierait “pas trop”, tout en affirmant que l’Europe avait “jusqu’à présent fait preuve d’une forte flexibilité et d’endurance” face aux fluctuations de sa devise. Des économistes et des responsables industriels s’inquiètent pourtant des conséquences de l’euro fort sur la reprise économique de la zone. Le patronat français a ainsi réclamé mardi “une véritable politique de change” en Europe par la voix de la présidente du Medef, Laurence Parisot. Au Royaume-Uni, la Confédération de l’industrie britannique a souligné que la livre forte pénalisait les exportations du pays, mais rendait aussi le prix de certaines matières premières, vendues en dollars, moins cher. |
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