Chambres de commerce et producteurs : Je t’aime moi non plus
Les
producteurs sont convaincus de la nécessité et de l’importance du rôle des
sociétés de commerce. Ces dernières ne peuvent pas se passer des industriels
et agriculteurs tunisiens, à moins de verser totalement dans le négoce. Mais
les uns et les autres sont mécontents de leurs comportements respectifs.
Radioscopie d’un rapport complexe, réalisée par l’universitaire Fatma Smaoui,
pour le compte de la Chambre des sociétés de commerce international.
Si les sociétés de commerce international n’existaient pas, il aurait fallu
les créer. Là-dessus, les industriels interviewés par Mme Fatma Smaoui, pour
les besoins de l’étude sur «sociétés de commerce international-industriels :
situation, problèmes, recommandations», sont unanimes. Mais ils sont
également très nombreux –au sein de l’échantillon d’une centaine
d’interviewés- à formuler plusieurs griefs à l’encontre des mêmes sociétés
de commerce international.
L’auteur de l’étude les a classés en cinq catégories. En effet, ces
problèmes concernent la compétence commerciale et le professionnalisme,
l’éthique, le comportement en affaires et la confiance, les marges et les
prix, la structure financière et humaine, la stratégie générale et la
philosophie de gestion.
Le problème de la compétence commerciale et du professionnalisme des SCI est
«le plus fréquemment cité par les industriels», constate Fatma Smaoui. Ces
dernières sont également, sur ce registre, accusées de «manquer de dynamisme
et de rechercher la facilité», notamment «des marchés réguliers sur lesquels
ils peuvent vendre tout type de produits», et (…) de se contenter «de ces
clients, sans faire l’effort d’accroître leur présence commerciale».
Le deuxième reproche des producteurs a trait à l’éthique, et au comportement
des SCI en affaires. Les relations entre les deux parties sont «empreintes
de méfiance ». Aussi, plusieurs industriels affirment «ne pas pouvoir
accorder leur confiance à des entreprises qui ne connaissent pas grand-chose
de leurs produits et qui sont sensés représenter ce produit et le défendre
sur les marchés étrangers ».
Traitant les responsables de SCI d’«affairiste», certains industriels
accusent également ces dernières de «non transparence», en raison de leur
refus d’expliquer «le pourquoi de leur marge», et de donner un feed-back
concernant les marchés étrangers.
Troisième reproche aux SCI : une «structure financière faible et
insuffisante pour pouvoir accomplir leur rôle dans de bonnes conditions»,
des délais de paiement longs et des moyens humains insuffisants. Enfin, les
industriels se plaignent de l’absence de stratégie et d’objectifs clairs
chez les SCI.
Au bout du compte, les producteurs considèrent que la contribution des SCI
aux exportations est inégale d’une entreprise à une autre. L’auteur du
rapport distingue trois groupes de sociétés selon le degré de participation
des SCI à leur distribution internationale : un premier pour lequel cette
contribution est quasi nulle (de 0 à 4% du chiffre d’affaires export), un
deuxième pour lequel celle-ci se situe dans la fourchette de 20-40%, et un
troisième dont les exportations sont réalisées à 80% par des SCI.
De leur côté, ces dernières se plaignent d’une multitude de problèmes, dont
une partie seulement est imputée aux producteurs : une tendance à «doubler»
les SCI sur les marchés étrangers, une incapacité «de calculer le prix de
revient export en raison du manque de formation des cadres commerciaux de
ces entreprises», une «mentalité de rentier» qui se traduit par une
inaptitude à «comprendre les exigences des marchés extérieurs», par «la
recherche de la facilité» et une perception de l’exportation «comme un moyen
pour faire des gains rapides».
Pour le reste, les SCI mettent en avant les problèmes relatifs à
l’environnement institutionnel (douane, banques, etc.).