Indemnités Forgeard : la polémique continue, Breton dément être intervenu

 
 
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Thierry Breton (2eg) et Noël Forgeard (d) le 16 juin 2005 au salon aéronautique du Bourget (Photo : Eric Piermont)

[19/04/2007 15:57:04] PARIS (AFP) Le ministre de l’Economie Thierry Breton s’est défendu jeudi de toute intervention dans la négociation du montant des indemnités de départ de Noël Forgeard du groupe EADS, alors que les candidats à la présidentielle se sont saisis de la polémique.

“Je n’ai parlé de la question du montant d’une quelconque indemnité de Noël Forgeard avec aucun des administrateurs d’EADS, ne fut-ce qu’une seule seconde, et je mets au défi n’importe lequel des administrateurs de vous dire le contraire”, a lancé M. Breton sur France info.

L’hebdomadaire Challenges paru jeudi affirme que le ministre de l’Economie est intervenu pour que l’ex-coprésident exécutif d’EADS Noël Forgeard, évincé en juillet 2006, puisse quitter le groupe avec les indemnités prévues dans son contrat de travail, plus de 8 millions d’euros, et ce contre l’avis des membres du conseil d’administration.

Selon le magazine, M. Breton a fait appel à Maurice Lévy, président du directoire de Publicis, pour servir de médiateur entre M. Forgeard et les actionnaires privés d’EADS Arnaud Lagardère et Manfred Bischoff, représentant de DaimlerChrysler au conseil d’administration du groupe.

C’est “tout simplement scandaleux”, a réagi M. Breton. Dès mercredi, Bercy avait affirmé que les “allégations” de Challenges étaient “totalement infondées et grossièrement erronées”.

De son côté, Maurice Lévy a confirmé, dans Le Monde daté de vendredi, être intervenu pour assurer à M. Forgeard “une sortie élégante”. Mais il affirme que “Thierry Breton n’est pas intervenu sur les questions d’indemnités” de l’ancien coprésident.

S’agissant du conseil d’administration, “une seule question a été évoquée, mais a été balayée en 30 secondes”, déclare M. Lévy au quotidien. Elle concernait un éventuel bonus au contrat initial demandé par M. Forgeard, mais rejeté par le conseil pour qui “le contrat et seul le contrat devait s’appliquer”, dit M. Lévy, cité par Le Monde.

Selon le quotidien du soir, la tonalité semble toutefois “très différente” en Allemagne où “des sources proches d’EADS laissent entendre que Bercy serait intervenu en faveur de M. Forgeard”.

Si pour Thierry Breton, “la campagne électorale n’autorise pas tout”, les candidats à la présidentielle se sont saisis jeudi de la polémique.

François Bayrou (UDF) a estimé que le ministre de l’Economie devrait “sans aucun doute” démissionner si son intervention était avérée, rejoignant la position exprimée la veille par le premier secrétaire du PS François Hollande.

“Je ne connais pas cette affaire”, a déclaré Nicolas Sarkozy (UMP), ancien collègue de M. Breton au gouvernement.

Quant à la candidate socialiste Ségolène Royal, elle a estimé “inimaginable que le gouvernement n’ait pas été au courant” du montant de ces indemnités.

Thierry Breton a insisté jeudi sur le fait que l’Etat français, qui détient 15% du capital d’EADS, n’était “pas actionnaire en direct” du groupe.

Pour le ministre, les responsables socialistes “savent mieux que quiconque que l’Etat ne peut pas intervenir” car le gouvernement de Lionel Jospin, qui a “bâti le pacte d’actionaires en 2000”, a “voulu à l’époque que l’Etat ne puisse avoir aucun moyen d’intervention au sein de la société EADS”.

“Ce qui est choquant dans cette affaire, c’est que l’Etat ne puisse pas faire entendre sa voix”, a dit le ministre en se demandant paradoxalement “pourquoi de telles clauses” sur les indemnités de départ avaient été inscrites dans le contrat de M. Forgeard lors de sa signature “en 2000 sous le gouvernement de Lionel Jospin”.

 19/04/2007 15:57:04 – © 2007 AFP