[19/04/2007 16:32:58] BERLIN (AFP) Les cinq plus grands instituts de conjoncture allemands ont relevé très nettement jeudi leurs prévisions économiques pour l’Allemagne et appelé à une baisse des impôts, relançant le débat sur la redistribution des fruits de la solide croissance du pays. Ces instituts, qui publient à l’automne et au printemps un rapport très suivi, estiment à 2,4% la croissance allemande cette année. Ils n’attendaient que 1,4% dans leur dernière publication, à l’automne 2006. Et la tendance devrait se poursuivre en 2008, avec à nouveau une croissance de 2,4% du Produit intérieur brut (PIB) allemand, selon ce rapport. La bonne tenue de l’économie sera bénéfique pour les finances de l’Etat selon les instituts, qui prévoient que le déficit public allemand tombera à 0,6% du PIB en 2007 (après 1,7% en 2006) et sera même nul en 2008. Plus prudent, le ministre des Finances Peer Steinbrück a indiqué jeudi à des journalistes qu’il s’attendait à un déficit à zéro en 2010 seulement. Sur le front de l’emploi, le nombre de chômeurs en 2007 devrait tomber en moyenne annuelle sous la barre des 4 millions, une première depuis 2001, et descendre à 3,5 millions en 2008, selon les instituts. “L’économie allemande connaît une croissance forte”, jugent-ils dans leur rapport. L’heure est à l’optimisme généralisé en Allemagne sur la conjoncture. Le gouvernement table désormais sur une croissance d’au moins 2% en 2007, tout comme la très prudente banque centrale allemande, la Bundesbank. Toutes ces bonnes nouvelles posent la question de la redistribution des fruits de la croissance, via d’éventuelles baisses d’impôts pour les entreprises et les particuliers, qui font débat en Allemagne.
Les cinq instituts ont choisi leur camp: “Le but de la politique budgétaire devrait être, à moyen terme, de baisser les impôts sur le revenu et les cotisations sociales pour encourager la croissance et l’emploi”, écrivent-ils dans leur rapport. “Des réformes sont encore nécessaires pour la fiscalité des entreprises, car celle prévue pour 2008 n’est pas très ambitieuse”, sermonnent par ailleurs les instituts, tout en appelant à ne pas laisser déraper les finances. Le ministre allemand de l’Economie Michael Glos, conservateur, ardent partisan d’une baisse des impôts, s’est réjoui jeudi de ce soutien: “Nous devons utiliser la croissance pour consolider nos finances et poursuivre nos réformes. (…) Ce qui signifie aussi, comme l’ont dit expressément les instituts, baisser l’impôt sur le revenu dans un futur proche”, a-t-il déclaré dans un communiqué. Mais ce projet bute sur l’opposition du social-démocrate Peer Steinbrück, qui l’a encore qualifié jeudi de “populiste.” Le ministre des Finances appelle plutôt à profiter de la croissance pour assainir encore la situation budgétaire et réduire la dette. Mais plusieurs de ses collègues ministres ont déjà annoncé leur intention de profiter de la croissance, qui se traduit par une augmentation des rentrées fiscales, pour financer leurs projets. Selon le Financial Times Deutschland jeudi, les ministres demandent au total 5 milliards d’euros de plus pour le budget 2008. Le puissant syndicat de la métallurgie IG Metall, engagé dans de dures négociations salariales, a également réagi jeudi à la publication du rapport: “Le temps est venu pour des hausses de salaires durables et nettes”, a dit son chef Jürgen Peters. Les deux grandes organisations patronales BDA et BDI font valoir au contraire que les cinq instituts “soulignent les risques pour le marché de l’emploi si des accords salariaux exagérés étaient conclus”, dans un communiqué paru jeudi. |
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