BTP : Sacyr lance une offre sur Eiffage au lendemain de son humiliation

 
 
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Le dirigeant du groupe de BTP espagnol Sacyr, Luis del Rivero, le 19 avril 2007 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[19/04/2007 22:09:27] MADRID (AFP) Après avoir vainement bataillé pendant des mois, l’espagnol Sacyr a lancé jeudi une offensive massive pour le contrôle d’Eiffage, groupe de BTP français constructeur du viaduc de Millau, plus haut pont routier du monde.

L’espagnol avait été humilié et moqué mercredi lors d’une assemblée générale du groupe français, échouant à obtenir le moindre poste au conseil d’administration d’Eiffage malgré son rang de premier actionnaire avec 33,32%.

Il propose d’échanger cinq actions du français contre 12 actions Sacyr de nouvelle émission, valorisant son offre à environ 6,5 milliards d’euros.

La valeur exacte de cette proposition est liée aux fluctuations des actions. Jeudi soir, elle équivalait à offrir plus de 107 euros par action Eiffage, sur la base du cours de clôture de Sacyr (44,85 euros en hausse de 2,82%).

Cela est supérieur au cours d’Eiffage, qui a fini jeudi soir en baisse de 5,08% à 105,84 euros, après avoir très fortement progressé ces dernières semaines, justement dans l’attente d’une offre de Sacyr.

Eiffage a annoncé jeudi en fin d’après-midi que son conseil d’administration allait se réunir lundi pour examiner la proposition espagnole.

Mais, selon une source proche du français, Eiffage estime que Sacyr, qui a agi selon lui de concert, devrait “réglementairement” lancer une offre publique d’achat (OPA) à 129,5 euros par action, dernier prix d’achat par des actionnaires espagnols, et non une offre publique d’échange (OPE) “parce que cela leur coûte moins cher”.

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Le patron du groupe français de BTP Eiffage Jean-François Roverato (d) et son successeur Benoît Heitz, le 18 avril 2007 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Le président de Sacyr, Luis del Rivero s’est dit confiant “dans la réussite de notre offre” qui devrait se dérouler du 9 mai au 2 juillet.

Le nouveau groupe issu du rapprochement de Sacyr et d’Eiffage serait un poids lourd européen, présent dans les infrastructures, l’immobilier, les services, mais surtout dans la construction, où il jouerait dans la cour des grands, avec notamment les français Vinci et Bouygues.

Cette attaque du “petit” Sacyr (16.000 employés, 4,684 milliards d’euros de chiffre d’affaires) sur le “gros” Eiffage (56.400 employés et 10,745 milliards d’euros) “fait suite au coup d’Etat de Jean-François Roverato (président d’Eiffage) qui a dénaturé le fonctionnement de l’AG” de mercredi, a affirmé une source proche de Sacyr, faisant référence à l’invalidation d’une partie des droits de vote des actionnaires espagnols d’Eiffage.

La genèse de la guerre entre Sacyr et la direction d’Eiffage remonte à début 2006, quand l’espagnol, au parcours météorique dans le bouillonnant panorama du béton ibérique, a commencé à acheter des actions Eiffage.

Dès le début, son patron historique, Jean-François Roverato, a suspecté une prise de contrôle rampante de la part de l’emblématique dirigeant de Sacyr, Luis del Rivero, un petit homme moustachu à l’allure déterminée.

Lors d’une première assemblée générale le 19 avril 2006, M. Roverato avait réussi à bloquer l’entrée de Sacyr au conseil.

Mais l’opiniâtre espagnol n’a pas lâché prise et a continué de monter au capital, jusqu’à en détenir 33,32%.

Le groupe français s’est retrouvé petit à petit cerné, grignoté par de nouveaux actionnaires espagnols entrés au capital au cours des semaines précédant l’AG de mercredi, faisant craindre un coup de main des conquistadors.

Mais au cours de l’AG, Eiffage a invalidé une partie des droits de vote des Espagnols au motif qu’ils auraient agit de concert avec Sacyr. M. del Rivero, furieux, a quitté la salle dans une ambiance électrique sous les cris de “les Espagnols dehors!”.

Jeudi, Sacyr a déclaré qu’il laisserait l’équipe française de direction en place, sans préciser si cette mesure s’appliquerait à M. Roverato, lequel est devenu, mercredi, président non-exécutif.

Cet homme, principal responsable des déboires de Sacyr, a montré peu d’estime pour les actionnaires venus de l’autre côté des Pyrénées qui sont, selon lui, “des joueurs de golf et des cultivateurs d’agrumes”.

 19/04/2007 22:09:27 – © 2007 AFP