[20/04/2007 11:09:46] FRANCFORT (AFP) Les scandales de corruption en série au sein du groupe industriel Siemens ont frappé au plus haut niveau avec la démission du président du conseil de surveillance Heinrich von Pierer, ex-patron de l’entreprise et capitaine d’industrie historique de l’Allemagne. M. von Pierer, 66 ans, abandonnera ses fonctions lors de la prochaine réunion du conseil de surveillance le 25 avril, a annoncé Siemens dans la nuit de jeudi à vendredi par un communiqué surprise. L’organe de contrôle proposera la candidature de Gerhard Cromme, ancien patron du sidérurgiste allemand ThyssenKrupp et considéré comme un spécialiste des questions d’éthique, pour lui succéder. “Malgré des performances exceptionnelles, Siemens fait face à une situation difficile dûe à la mauvaise conduite en partie prouvée, en partie avancée sans preuve, d’un certain nombre de dirigeants et d’employés”, explique M. von Pierer dans le communiqué. “Mon implication personnelle dans l’enquête menée actuellement n’a pas été à la base de ma décision”, tient à préciser le président du conseil de surveillance, qui ne fait l’objet d’aucune poursuite pénale. “La seule raison de ma décision aujourd’hui est de servir au mieux les intérêts de Siemens”, ajoute-t-il. Dans un courrier aux salariés, il s’est dit “extrêmement affecté” et a dénoncé des “procès sans preuve” dans l’opinion publique ainsi que les méthodes de “certaines administrations”, faisant allusion aux procédure pénales en cours. Il a reçu le soutien de la chancelière Angela Merkel, dont il est un conseiller: cette dernière “part du principe que M. von Pierer conservera ses fonctions” auprès d’elle et a souligné que “la qualité de son travail est indiscutable”, selon le porte-parole Thomas Steg. Le vice-président du conseil de surveillance de Siemens, et patron de la première banque allemande Deutsche Bank, Josef Ackermann, a assuré vendredi dans un communiqué que “la probité de M. von Pierer ne faisait aucun doute.” Le successeur désigné, M. Cromme, a assuré M. von Pierer de “sa plus haute estime.” Le syndicat IG Metall juge que cette décision survient “trop tard” mais que “Siemens peut à présent repartir de zéro”, a dit son vice-président Berthold Huber. Siemens est secoué depuis de longs mois par des affaires de caisses noires et de corruption à répétition. L’enquête la plus importante porte sur des pots-de-vin versés pour décrocher de gros contrats de télécommunications à l’étranger. Le montant évoqué est de 400 millions d’euros. Plus récemment une autre affaire a ébranlé l’entreprise, portant cette fois sur une tentative présumée de soudoyer un petit syndicat. Un membre du directoire a été incarcéré une semaine à cause de cette affaire. La pression montait depuis plusieurs semaines sur M. von Pierer, patron exécutif du groupe de 1992 à 2005, devenu depuis chef de l’organe de contrôle. Heinrich von Pierer, conservateur était considéré comme l’un des patrons les plus influents d’Allemagne, écouté aussi bien de la conservatrice Angela Merkel que du précédent chancelier, le social-démocrate Gerhard Schröder. Les déclarations de ce conservateur en matière de politique économique étaient toujours largement relayées par les médias. Il avait même été pressenti en 2004 pour la présidence de la République allemande. Reste à savoir si le retrait de l’influent von Pierer suffira à Siemens pour tourner la page. La Bourse de Francfort en tout cas était soulagée: vers 10h45 GMT, l’action Siemens prenait 3,83% à 90,07 euros dans un marché bien orienté. |
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