[20/04/2007 19:45:57] WASHINGTON (AFP) Le président de la Banque mondiale (BM) Paul Wolfowitz, fragilisé par un scandale de favoritisme, a choisi de faire le dos rond face aux pressions qui se multiplient, avec à la fois une enquête du Conseil d’administration et des commentaires sans indulgence venant d’Europe. Le conseil d’administration de la Banque mondiale a annoncé vendredi qu’il allait poursuivre son enquête sur les augmentations de salaires accordées par M. Wolfowitz à sa compagne Shaha Riza, également employée de cette institution. Quelques heures plus tard, le président de la Banque réagissait par un communiqué laconique où il affirmait sa volonté de se plier aux conclusions de cette enquête. “Le président Paul Wolfowitz se félicite de la décision du Conseil d’avancer pour trouver une solution à ce dossier très important. Il a hâte de mettre en oeuvre les recommandations du Conseil”, ont indiqué ses services. M. Wolfowitz n’a pas évoqué dans ce bref communiqué une possible démission, qui est réclamée par des voix de plus en plus nombreuses à l’intérieur comme à l’extérieur de la Banque. La Maison Blanche lui a également réitéré son soutien vendredi, affirmant que “le président (Bush) a toujours confiance en lui”. A l’issue d’une longue réunion dans la nuit de jeudi à vendredi, les 24 administrateurs de la Banque ont rappelé que cette affaire soulevait “une grande préoccupation” et qu’ils s’étaient mis d’accord “sur un processus destiné à régler la situation de manière urgente, efficace et ordonnée”. Ils ne se sont toutefois pas prononcés sur la question du maintien ou non de Paul Wolfowitz, 63 ans, à son poste. Ce dernier, ancien numéro deux du Pentagone et à ce titre l’un des architectes de la guerre en Irak, a pris la tête de la BM en juin 2005, où il a fait de la lutte contre la corruption dans les pays en développement sa priorité. Cette enquête intervient après plusieurs appels à la démission: de la part de l’Association des employés de la Banque la semaine dernière, mais aussi jeudi de l’un des deux directeurs exécutifs de la Banque, le Néo-Zélandais Graeme Wheeler, pourtant nommé par M. Wolfowitz. “La guerre civile à l’intérieur de la Banque mondiale a atteint un point de non-retour cette semaine”, estimait vendredi le quotidien Financial Times, pour qui l’affaire pourrait “porter un tort énorme à la banque et à sa mission de lutte contre la pauvreté”. Mais le mécontentement grandit aussi en Europe. Le ministère français des Affaires étrangères a jugé que la Banque mondiale devait exercer sa mission dans des conditions “irréprochables d’un point de vue éthique”. “Ce n’est manifestement pas une affaire très positive pour la Banque mondiale: c’est absolument évident pour tout le monde. La seule question c’est de savoir quelles conséquences on en tire et notamment pour ce qui est du sort de M. Wolfowitz”, a déclaré le porte-parole du ministère, Jean-Baptiste Mattéi. A Berlin, le président de l’eurogroupe Jean-Claude Juncker a estimé que “toute la lumière et toute la clarté doivent être faites” sur cette affaire. “La meilleure chose serait que M. Wolfowitz démissionne”, estimait pour sa part l’hebdomadaire The Economist, en dénonçant le “favoritisme grossier” du président de la Banque. Petite consolation pour M. Wolfowitz, une enquête du Pentagone rendue publique vendredi a conclu qu’il n’avait pas abusé de sa position lorsque, en 2003, il avait recommandé Mme Riza pour qu’elle obtienne un contrat de conseil sur l’Irak. Mais ses jours à la tête de la BM pourraient toutefois être comptés: selon le quotidien britannique The Times, l’administration américaine aurait commencé à chercher des candidats pour le remplacer, le journal évoquant le nom de l’ancien ministre afghan des Finances Ashraf Ghani. |
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