Fonds spéculatifs : la présidence de l’UE pousse à un code de bonne conduite

 
 
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Réunion des ministres des Finances à Berlin, le 21 avril 2007 (Photo : John Mac Dougall)

[21/04/2007 17:27:06] BERLIN (AFP) La présidence allemande de l’UE a lancé un appel samedi à Berlin à l’adoption d’un code de conduite auquel souscriraient volontairement les principaux fonds spéculatifs (“hedge funds”), afin d’améliorer la transparence et la maîtrise des risques dans un secteur en pleine croissance.

“Ce serait un succès d’arriver à un accord sur un code de conduite avec les 15% du secteur des +hedge funds+ qui représentent 80 à 90% des activités en volume. Nous n’avons pas besoin d’avoir tout le monde à bord”, a expliqué le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück, qui présidait la réunion informelle des grands argentiers de l’UE.

“Ce serait dans l’intérêt du secteur lui-même de mettre en oeuvre ce code de bonne conduite”, a-t-il expliqué dans une conférence de presse, tout en reconnaissant ne pas avoir de réponses à plusieurs questions cruciales: un tel dispositif peut-il être étendu au niveau mondial, comment en définir les règles et qui serait en charge de surveiller son respect?

“C’est ensemble qu’il faudrait trouver des solutions et je pense que le code de conduite devrait permettre dans un premier temps de définir de bonnes pratiques”, a-t-il dit, en indiquant que ce sujet serait à l’ordre du jour de la réunion des ministres des Finances du G8 (les sept principaux pays industrialisés et la Russie), également sous présidence allemande, à Potsdam en mai prochain.

L’Allemagne a fait d’une meilleure surveillance des fonds spéculatifs l’un des thèmes de sa double présidence de l’UE et du G8, mais sans grand espoir de parvenir à des résultats concrets, en l’absence de consensus au niveau international.

“Les +hedge funds+ sont des institutions très utiles pour le fonctionnement de nos marchés financiers”, a souligné le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia.

“Mais il soulèvent des préoccupations sur au moins deux aspects: nous devons renforcer la prise de conscience des risques de la part des épargnants et aussi améliorer la transparence”, a-t-il ajouté.

Pour sa part, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet estime que “la complaisance n’est pas de mise” même si les marchés financiers internationaux bénéficient actuellement de conditions particulièrement favorables.

Selon lui, “un tel environnement permet précisément de réfléchir sur l’existence de risques” liés à ce qu’il qualifie de “transformation très complexe du système financier au niveau global” à travers le poids grandissant d’acteurs à fort effet de levier comme les fonds spéculatifs, qui font en outre un large usage des produits dérivés.

Contrairement aux banques internationales, les fonds spéculatifs ne sont pas soumis à des règles prudentielles et échappent pratiquement à la surveillance des autorités de régulation nationales. Ils sont capables de lever des montants énormes de capitaux pour des opérations d’investissement, voire de prise de contrôle d’entreprises majeures, ce que l’Allemagne n’est pas seule à voir d’un mauvais oeil.

Mais les pays traditionnellement “libéraux”, comme les Etats-Unis ou le Royaume Uni, sont hostiles à un réglementation des fonds spéculatifs, estimant notamment que leur surveillance se fait par l’intermédiaire des banques qui leur apportent des capitaux ou gèrent leurs opérations sur produits dérivés.

“A ce stade, le question est de savoir comment améliorer de manière volontaire le comportement des différents participants, la transparence vis-à-vis de leurs contreparties (bancaires) et la prise de conscience des risques”, a estimé Jean-Claude Trichet.

 21/04/2007 17:27:06 – © 2007 AFP