[21/04/2007 17:52:55] WASHINGTON (AFP) Le scandale provoqué par les accusations de népotisme visant le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz montre la nécessité de réformer cette institution, affirment plusieurs experts des questions de lutte contre la pauvreté et de développement économique. “On ne peut que souhaiter que les véritables problèmes de gestion et de direction au sein de la Banque mondiale révélés par la crise vont montrer combien la structure de direction est fragile et provoquer un dialogue international sur ces questions”, souligne Dennis de Tray, vice-président du Center for Global Developement (CGD) à Washington. Lui-même ancien membres de la Banque mondiale (BM), il souligne que “la question n’est pas de savoir s’il faut réformer la Banque car c’est une nécessité”. L’association des employés de la BM a demandé la démission de M. Wolfowitz, à laquelle est également favorable l’un des deux directeur exécutif, le néo-zélandais Graeme Wheeler. Le Conseil d’administration de la Banque, composé de 24 délégués des 185 Etats membres, a décidé vendredi de lancer une enquête sur les contrats que Paul Wolfowitz a accordés à ses plus proches collaborateurs. Tout est parti de révélations dans la presse américaine sur les augmentations de salaire dont a bénéficié sa compagne, Shaha Riza. Celle-ci travaillait déjà pour la BM lorsque Paul Wolfowitz en a pris la tête en juin 2005 et a été ensuite détachée au département d’Etat américain pour la durée du mandat de ce dernier à la tête de l’institution. C’est Paul Wolfowitz lui-même qui a décidé de lui accorder augmentations et promotions, sans en référer aux instances dirigeantes de la Banque. “Le Conseil d’administration a crée ce problème et en est également une composante fondamentale”, estime toutefois un expert proche de la Banque s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. “Il est resté à l’écart quand il (Paul Wolfowitz) a été nommé, feignant de croire qu’il avait complètement changé”, ajoute-t-il. Le président de la BM était auparavant le numéro deux du Pentagone et l’un des ‘faucons” de l’administration américaine, architectes de la guerre contre l’Irak. “Tous les gens que je connais étaient mécontents. Ils ont vu ce qui se passait mais n’ont rien dit”, ajoute-t-il. Traditionnellement, le dirigeant de la Banque est un Américain alors que celui du Fonds monétaire international (FMI), l’organisation soeur, est un Européen. Selon Devesh Kapur, professeur à l’université de Pennsylvanie (est) et auteur d’un histoire de la Banque mondiale, cette répartition bloque pour l’instant tout espoir de réforme de l’une et l’autre de ces institutions. Certains estiment que la présidence de la Banque, qui géographiquement n’est qu’à quelques centaines de mètres de la Maison Blanche, ne devrait plus d’office être confiée à un Américain. Mais, souligne-t-il, “les Européens s’inquièteraient dans un tel cas de ne plus avoir le monopole au Fonds”. “Les Américains diraient +très bien plus personne n’a de monopole, si nous ne l’avons pas ici, vous ne l’avez pas là-bas+”, estime cet expert. Cette crise survient également en pleines négociations sur la représentation des puissances émergentes comme la Chine, l’Inde et le Brésil au sein du FMI et de la BM. “Elles sont les puissances montantes mais regardez comment elles se tiennent complètement à l’écart” des débats suscités par l’affaire Wolfowitz, fait remarquer Devesh Kapur. “Elles veulent avoir plus de pouvoir mais sans pour autant agir de manière responsable”, accuse-t-il. “Il est difficile de voir qui a intérêt à promouvoir” des idées de réforme de la BM et du FMI juge Dennis de Tray. “La situation actuelle est très confortable et les diplomates internationaux n’aiment pas les changements. Pourtant, tout le monde est d’accord pour dire que ce système est au mieux inefficace et au pire ne fonctionne pas”, déplore-t-il. |
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