Boom démographique d’ici à 2050 : transfert de richesses, déclin en Europe

 
 
SGE.SBP99.240407165103.photo00.quicklook.default-245x162.jpg
Femmes chinoises et leurs bébés à Shanghai le 23 janvier 2007. (Photo : Mark Ralston)

[24/04/2007 17:01:40] PARIS (AFP) La forte croissance démographique dans le monde et particulièrement en Asie au cours des prochaines décennies devrait entraîner un déplacement des richesses des pays développés vers les pays émergents et un appauvrissement de l’Europe, d’après une étude de la Société Générale.

La Terre devrait compter 9 milliards d’individus d’ici 2050 contre 6 aujourd’hui, soit une croissance de 50%, tirée par l’Asie et l’Afrique, tandis que la population des pays développés devrait plafonner à 1,26 milliard de personnes dès 2030, a indiqué mardi Véronique Riches-Fores, chef économiste Europe de la Société Générale.

En 2050, les plus de 60 ans seront 2 milliards et la proportion des inactifs par rapport aux actifs devrait passer de 11% aujourd’hui à plus de 25% en 2050 dans le monde, d’après l’étude.

“Ce choc démographique va induire un déplacement des richesses spectaculaire”, a commenté l’économiste de la Société Générale lors d’une conférence de presse.

En se fondant sur la théorie du cycle de vie, qui suggère qu’un individu épargne pendant sa vie active puis consomme son épargne lors de sa retraite, elle a estimé que “les tendances démographiques suggèrent une +désépargne+ marquée dans les pays industrialisés entre 2015 et 2030”.

A l’inverse, dans les pays en développement, la tendance à épargner devrait se développer, d’où un déplacement massif des sources d’actifs à attendre à travers la planète.

Au niveau mondial, la baisse relative du nombre d’actifs, toutes choses égales par ailleurs (notamment sans tenir compte d’éventuelles hausses de productivité), devrait entraîner une forte hausse du “taux de dépendance”, c’est-à-dire la hausse du nombre d’inactifs par rapport à l’ensemble de la population.

Elle pourrait se traduire par une perte de produit intérieur brut (PIB) par tête de 6,6% au cours de la période 2005-2050, soit 0,15% par an, affirme l’étude.

Avec le taux de fécondité le plus faible du monde, l’Europe devrait être la plus touchée, avec un manque à gagner estimé à 18%, soit 0,35% par an, suivie par l’Amérique du Nord (9,3% soit 0,2% par an).

Tous les pays d’Europe occidentale se verraient menacés d’un appauvrissement, avec une baisse du revenu par tête allant de 9 à 23% selon les cas.

Seule une série de mesures combinant une importante hausse de la productivité, un allongement de la durée du travail, une participation accrue de toutes les tranches de la société, une réforme des systèmes de retraite et une immigration très élargie pourrait contrebalancer le coût du vieillissement de la population.

En Europe, ce serait presque trop tard pour se lancer dans une politique d’immigration comparable à celle que mènent les Etats-Unis depuis 25 ans, car les pays de l’Europe de l’Est aussi se trouvent concernés par le vieillissement et il n’y a donc plus de “réservoir” de main d’oeuvre possible.

Outre l’Afrique, seul continent susceptible de générer une émigration massive selon Mme Riches-Flores, l’intégration de la Turquie, dont le taux de natalité est aussi en train d’amorcer un repli mais reste très élevé, “est l’un des facteurs qui pourraient changer complètement la donne” pour l’Europe, a-t-elle conclu.

 24/04/2007 17:01:40 – © 2007 AFP