Banque mondiale : Wolfowitz s’accroche toujours mais l’offensive contre lui s’intensifie

 
 
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Le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, le 15 avril 2007 à Washington (Photo : Tim Sloan)

[25/04/2007 05:56:51] WASHINGTON (AFP) Le président de la Banque mondiale (BM), Paul Wolfowitz, s’accroche à son poste malgré les pressions pour qu’il s’en aille en raison de l’affaire de népotisme dont il est la cible, mais l’offensive contre lui s’intensifie.

Dans un courriel envoyé mardi aux employés de la Banque mondiale, M. Wolfowitz assure qu’il va étudier “des changements importants dans la manière dont (son) bureau et l’équipe des cadres dirigeants travaillent”.

Ce message fait suite à une réunion houleuse lundi entre le président de l’institution internationale et les cadres dirigeants dont certains ont réclamé sa démission ces derniers jours.

M. Wolfowitz a reconnu lui-même que ces discussions ont été tendues, écrivant que “les vice-présidents ont été francs dans la manière dont ils m’ont exposé les défis qui se posaient à la Banque et je l’apprécie”.

Face à la tempête soulevée par la révélation qu’il a accordé personnellement des augmentations de salaires très importantes à sa compagne Shaha Riza –également salariée de la BM– Paul Wolfowitz, 63 ans, ne semble toutefois pas décidé à quitter son poste.

Il a engagé un avocat à l’extérieur de la Banque, Robert Bennett, pour défendre ses intérêts. Le fait que celui-ci ait défendu l’ancien président américain Bill Clinton lorsqu’il avait été accusé par une femme, Paula Jones, de harcèlement sexuel, montre que le président de la BM se prépare à une longue bataille.

Mais une partie du Conseil d’administration, qui représente les Etats membres, semble décidée à porter le combat sur un autre terrain: celui de l’influence exercée par Paul Wolfowitz sur les politiques de la Banque en matière de lutte contre la pauvreté.

Ancien numéro deux du Pentagone et à ce titre l’un des architectes de la guerre en Irak, Paul Wolfowitz est un représentant de la droite conservatrice et a fait nommer à la BM, dont il a pris la tête en juin 2005, des responsables appartenant à la même ligne politique.

Parmi eux, Juan José Daboub, un ancien ministre salvadorien des Finances, devenu directeur-exécutif de la Banque en juin 2006 aux côtés de Graeme Wheeler. Celui-ci, un Néo-Zélandais, a réclamé la démission de M. Wolfowitz la semaine dernière.

M. Daboub a tenté de faire passer un rapport sur la santé dans le monde passant complètement sous silence les politiques de planning familial et de contraception.

Ce rapport devait initialement être examiné par le Conseil d’administration de la BM mardi mais une levée de bouclier des représentants européens a contraint à le retirer de l’agenda.

Dans une lettre datée du 19 avril, les administrateurs de la France, de l’Allemagne, de la Norvège et de la Belgique, ont souhaité que “soit explicitement reconnu dans ce document sur la stratégie de la Banque que les mesures de santé en matière de reproduction et de sexualité ainsi que le planning familial font partie intégrante des efforts de la Banque pour renforcer les systèmes de santé” dans les pays qu’elle aide.

L’administrateur américain, Eli Whitney Debevoise, arrivé il y a moins d’un mois à son poste, s’y est toutefois opposé. Les Etats-Unis sont le principal contributeur de la Banque et ce sont eux qui choisissent son président, un choix ensuite entériné par le Conseil d’administration.

Des sources proches de la Banque s’exprimant sous le couvert de l’anonymat font observer que M. Debevoise, un avocat de formation, n’a aucune expérience en matière de développement et que son principal souci semble actuellement de défendre la position de M. Wolfowitz.

Selon ces mêmes sources, la division du Conseil d’administration entre Américains et Européens pourrait prolonger la crise à la tête de la BM, le Conseil se retrouvant dès lors incapable d’exercer son pouvoir de renvoi du président.

 25/04/2007 05:56:51 – © 2007 AFP