Allemagne : la croissance se joue de l’euro fort, prévision à 2,3% pour 2007

 
 
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Le ministre de l’Economie, le conservateur Michael Glos, le 25 avril 2007 à Berlin (Photo : Marcus Brandt)

[25/04/2007 13:06:48] FRANCFORT (AFP) L’optimisme est toujours de mise en Allemagne, où le gouvernement comme les entrepreneurs affichent une confiance sans faille dans la bonne santé économique du pays, se jouant de l’euro fort qui inquiète au contraire certains voisins européens.

Berlin a fortement relevé mercredi ses prévisions de croissance pour 2007, désormais évaluée à 2,3% contre 1,7% jusqu’à présent. La première économie de la zone euro devrait poursuivre sur sa lancée l’an prochain, avec une hausse du Produit intérieur brut (PIB) de 2,4%, a fait savoir le ministère de l’Economie.

La bonne santé économique devrait déteindre sur le marché de l’emploi, avec un nombre de chômeurs en 2008 inférieur à 3,5 millions, au plus bas depuis dix ans, mais aussi sur les caisses de l’Etat avec un déficit qui devrait se rapprocher de zéro.

Du côté des entrepreneurs, la bonne humeur printanière est aussi de mise. Le baromètre de l’institut Ifo, qui mesure leur moral, a progressé en avril à 108,6 points, au plus haut depuis 15 ans.

“Quelque chose est-il en mesure de faire dérailler la locomotive allemande?”, s’interroge Holger Schmieding, analyste à la Bank of America. Rien, en effet, ne semble pouvoir entamer la bonne marche de l’économie du pays. Ni la forte hausse début janvier de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 16 à 19%, ni le ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, ni l’euro fort, qui fait trembler d’autres exportateurs de la zone euro, au premier chef les Français.

La devise européenne flirte actuellement avec ses niveaux record face au yen et au dollar. Mercredi matin, elle a renoué avec son plus haut niveau face au billet vert depuis décembre 2004, à 1,3645 dollar. Un euro fort qui rend les produits de la zone euro comparativement plus chers que ceux libellés dans d’autres monnaies et risque de peser sur les exportations.

Une menace repoussée d’un revers de la main par le ministre des Finances allemand, Peer Steinbrück, bien que l’Allemagne détienne la palme de championne du monde des exportations.

“Pour nous, le niveau de l’euro n’est pas un sujet de préoccupation”, a déclaré la semaine dernière le ministre social-démocrate (SPD). “Les exportations allemandes sont moins sensibles aux variations de changes que celles d’autres pays, comme la France par exemple”, avait-il expliqué.

Le ministre de l’Economie, le conservateur (CSU) Michael Glos, a toutefois apporté un bémol mercredi à cette position. Si le niveau actuel de l’euro est “supportable” pour l’Allemagne, une forte augmentation serait “dangereuse”.

Si l’Allemagne résiste mieux au renchérissement de la monnaie unique que ses voisins, c’est grâce à sa spécialisation dans la production des biens d’équipement, notamment les machines-outil, et à la forte demande provenant d’Asie, d’Europe de l’Est et des pays pétroliers pour ce type de produits, explique M. Schmieding.

“L’Allemagne profite de manière étonnante de la hausse spectaculaire des investissements à l’international”, confirme pour sa part le président de l’Ifo, Hans-Werner Sinn, ce qui se traduit par des carnets de commandes remplis et une croissance solide dans le secteur manufacturier.

Pour les analystes, la locomotive allemande devrait continuer sur sa lancée au cours des mois à venir. “Après les exportations, l’étincelle (de la croissance) s’est propagée aux investissements, et à présent au marché du travail”, commente Andreas Scheuerle, de Dekabank. “Nous nous trouvons à présent au moment où la consommation privée devrait s’enflammer à son tour”.

Une euphorie partagée par son homologue de la Bank of America, pour qui l’Allemagne sera en mesure de faire face aux risques potentiels d’une flambée de l’euro, ou à de nouvelles hausses des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE).

 25/04/2007 13:06:48 – © 2007 AFP