Eramet : le PDG Jacques Bacardats évincé au profit de Patrick Buffet

 
 
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L’ancien PDG du groupe minier français Eramet Jacques Bacardats, le 27 avril 2006 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[25/04/2007 17:17:17] PARIS (AFP) Areva et la famille Duval, les deux principaux actionnaires du groupe minier français Eramet, ont fait tomber mercredi, à la surprise générale, son PDG Jacques Bacardats, remplacé par Patrick Buffet, membre du conseil de surveillance du groupe nucléaire, suscitant les plus vives interrogations.

De façon totalement inattendue, M. Bacardats a annoncé, au cours de l’assemblée générale des actionnaires, qu’Areva (26% du capital) et la Sorame/Ceir (37%), représentant la famille Duval, avaient décidé de ne pas renouveler son mandat arrivé à échéance, au motif que le groupe avait besoin d'”un dirigeant plus jeune”.

“Le raisonnement est que j’ai 60 ans cette année. Or notre groupe a entamé des projets de longue durée. Nos actionnaires considèrent que ces projets supposent une continuité de management à la tête du groupe et donc un dirigeant plus jeune”, a expliqué M. Bacardats, qui dirigeait Eramet depuis 2003.

Le conseil d’administration a nommé à sa place Patrick Buffet. Agé de 53 ans, ingénieur du corps des Mines, M. Buffet, membre du conseil de surveillance d’Areva, a été délégué général et membre du comité exécutif de Suez.

Même si Eramet assure que “les orientations stratégiques (comme l’exploitation du gisement de nickel de Weda Bay en Indonésie, la modernisation de la filiale calédonienne SLN) seront poursuivies”, cette annonce suscite des interrogations.

“C’est une surprise. Il n’y avait aucune raison de demander son départ”, a estimé Collette Neuville, présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam).

Interrogés, les représentants d’Areva et de la famille Duval ne souhaitaient pas faire de commentaires.

Alors qu’Anne Lauvergeon, la présidente du directoire d’Areva, estimait récemment que sa part dans Eramet était “trop peu ou pas assez”, plusieurs scénarios sont envisageables.

Areva souhaite-t-il se renforcer dans Eramet? “Ils ont déjà le contrôle, je ne vois pas pourquoi ils sortiraient des millions pour racheter les minoritaires”, souligne un analyste parisien.

Le groupe nucléaire public aurait-il le désir, au contraire, de vendre à la découpe à un étranger alors que le secteur des matières premières, et surtout du nickel, dont Eramet est le sixième producteur mondial grâce à ses mines calédoniennes, est pris dans un tourbillon de fusions-acquisitions?

“Je n’y crois pas”, ajoute l’analyste. “Eramet contrôle la SLN (Société Le Nickel), premier employeur de la Nouvelle Calédonie, et l’Etat souhaite la paix sociale. Le côté politique prime sur le côté économique”.

En août 2005, la presse avait fait état de contacts entre Areva, qui souhaitait se délester de sa participation dans Eramet, et le brésilien CVRD, avant que l’Etat ne gèle le processus.

Mme Neuville a jugé “bizarre de la part d’Areva” de procéder à ce changement “avant le résultat de l’élection présidentielle”. Le sort d’Areva est en partie lié à l’issue du scrutin. Avant son départ de Bercy fin 2004, Nicolas Sarkozy avait annoncé l’ouverture du capital du groupe, une décision sur laquelle est revenu son successeur Thierry Breton.

 25/04/2007 17:17:17 – © 2007 AFP