Nous
fêtons dans quelques jours la Fête du Travail, à l’instar du reste du monde.
D’ailleurs, en Tunisie, nous fêtons tout ce qu’il y à fêter ! Dès lors que
nous pouvons fêter quelque chose, nous nous débrouillons toujours pour être
aux premiers rangs : St Valentin, St Sylvestre, Mouled, Aïds, fête de la
femme, fête de la jeunesse, et fête du travail. Et à chacun de ces
événements, vous trouverez toujours des gens non concernés qui le célèbrent
: l’athée fêtant l’aïd, le croyant-pratiquant fêtant la St Sylvestre, le
macho fêtant la fête de la femme et le vieux fêtant celle de la jeunesse.
Mais de toutes les fêtes,
celle qui m’intrigue le plus est celle du Travail. Comment peut-on célébrer un
pareil événement alors qu’une bonne majorité d’entre nous exècre le travail ? A
supposer déjà qu’elle en connaisse la notion. Je n’arrive toujours pas à
imaginer ce chaouch que je croise chaque fois que je me rends à cette mairie en
train de célébrer la Fête du Travail.
L’autre fois, en
attendant mon tour pour légaliser une signature, je me suis amusé à compter le
nombre de fois qu’il a fourré son doigt dans le nez, qu’il a siroté son café et
qu’il a fait craquer ses doigts et son cou ! Le nombre d’actes qu’il entreprend
entre deux bouffées de cigarettes est tout simplement impressionnant. Eh bien,
ce bonhomme là va fêter comme tout le monde sa fête du travail ! Idem pour ces
agents qui ont toujours sur les lèvres la phrase «reviens demain», les
journalistes qui plagient leurs collègues et leurs subordonnés (ne suivez pas
mon regard, je ne vise personne de particulier), les médecins qui accordent à
leur patient cinq minutes d’auscultation, la vendeuse de boutique toujours
fatiguée pour vous servir, le professeur qui a rejoint l’enseignement pour
bénéficier des trois mois de congé l’été, etc.
A quoi cela rime ?
Encourage-t-on donc tout ce beau monde à continuer dans sa somnolence et son
manque de professionnalisme en laissant passer une pareille fête sans une
campagne de promotion ? Lors de l’aïd, tout le monde se prépare des semaines à
l’avance pour l’événement : achat de cadeaux et de vêtements neufs, programmes
religieux à la télé pour expliquer la signification de l’événement, etc.
A la St Sylvestre ou à la
St Valentin, tous les magasins sont décorés. Pourquoi donc ne faisons-nous pas
une campagne pour promouvoir le travail et dire à l’ensemble des travailleurs
qu’ils sont chanceux d’avoir un job (une pensée à mes compatriotes chômeurs dont
le pourcentage est de 15%) et qu’ils doivent préserver ? Pourquoi ne
faisons-nous pas une campagne médicale pour expliquer que le travail c’est la
santé ? Pourquoi ne montre-t-on pas l’exemple des pays scandinaves, américains
et asiatiques qui, grâce au travail, ont réalisé les meilleures croissances et
le meilleur développement ?
Autant de questions qui
m’ont été inspirées par une autre interrogation : pourquoi beaucoup de puristes
et conservateurs ont fait tout un plat quand il s’agissait de dénoncer la St
Valentin et la St Sylvestre, soi-disant que cela ne nous concerne pas et qui se
sont totalement tus quand il s’agit de Fête du Travail, alors que visiblement
cela ne nous concerne pas réellement ! Du moins pour une partie d’entre nous,
cela va sans dire !