Corruption : l’autorité boursière américaine enquête chez Siemens

 
 
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Le patron du groupe technologique allemand Siemens, Klaus Kleinfeld, le 25 janvier 2007 à Munich

[26/04/2007 06:10:00] MUNICH (AFP) Le groupe industriel allemand Siemens a annoncé jeudi que l’autorité boursière américaine (SEC) avait décidé l’ouverture d’une enquête formelle sur une affaire de caisses noires de grande ampleur, selon un communiqué.

“Siemens a été averti au printemps que la SEC avait converti en enquête formelle son investigation informelle sur ces dossiers”, a indiqué le groupe.

Siemens est soupçonné d’avoir utilisé pendant des années des pots-de-vin, d’un montant pouvant atteindre les 400 millions d’euros, afin de décrocher d’importants contrats de télécommunications à l’étranger. Plusieurs responsables du groupe sont poursuivis dans ce cadre.

Le groupe, qui indique avoir dépensé 63 millions d’euros sur le trimestre pour l’enquête interne qu’il a lancée, a dit ne “pas pouvoir exclure” que la société en tant que personne morale ou d’autres dirigeants fassent dans l’avenir l’objet de procédures au civil et au pénal. Siemens a prévenu que ces affaires pouvaient éventuellement peser sur ses résultats.

Le patron de Siemens, Klaus Kleinfeld, a annoncé mercredi son prochain départ, victime à son tour d’une opération “mains propres” qui vise à redorer le blason de la société, terni par des scandales de corruption à répétition.

“Klaus Kleinfeld, président du directoire de Siemens, a annoncé qu’il n’était pas disponible pour une prolongation de son contrat, qui expire le 30 septembre 2007”, a annoncé le groupe dans un communiqué à l’issue d’une réunion du conseil de surveillance. Le patron sortant n’a pour l’instant pas été inquiété personnellement dans les multiples affaires de corruption touchant Siemens depuis des mois.

Le communiqué de Siemens souligne d’ailleurs que M. Kleinfeld a mis en place “une stratégie efficace” d’enquête interne sur ces affaires, et que des experts indépendants aux Etats-Unis n’ont trouvé “aucun indice de malversation de la part de M. Kleinfeld”, ni d’une quelconque connaissance des conduites répréhensibles dans le groupe.

Mais M. Kleinfeld fait les frais d’une opération “mains propres” lancée par les administrateurs, emmenés selon la presse par le numéro deux du conseil de surveillance, le patron de la Deutsche Bank Josef Ackermann, qui est soucieux de rétablir la réputation de Siemens. La semaine dernière, le prédécesseur de M. Kleinfeld, devenu président du conseil de surveillance, l’influent Heinrich von Pierer, avait lui aussi renoncé à son poste sans que pour l’instant sa probité ne soit mise en cause.

M. von Pierer a été remplacé dès mercredi par Gerhard Cromme, un spécialiste des questions d’éthique dans l’entreprise, dont la première décision a donc été de pousser Klaus Kleinfeld vers la sortie. M. Cromme a toutefois souligné dans le communiqué que M. Kleinfeld laissait Siemens “dans le meilleur état qu’il ait jamais connu” grâce à la “réorientation stratégique” qu’il a instaurée.

Le patron sortant peut se vanter, au prix d’une restructuration socialement douloureuse, d’avoir réorganisé ce conglomérat vieux de 160 ans à coups de suppressions d’emplois et de cessions. Jusqu’à ces derniers jours, la prolongation de son contrat était jugée certaine.

Mardi soir, Siemens a d’ailleurs publié de manière inattendue et anticipée des résultats trimestriels bien meilleurs que prévu, et salués par les marchés. Mais cela n’aura pas suffi à sauver la tête du patron. Le groupe industriel va devoir trouver un successeur à M. Kleinfeld, une tâche qui s’annonce ardue. Le nom le plus souvent évoqué est celui de Wolfgang Reitzle, patron du groupe Linde qu’il a énergiquement réorganisé.

 26/04/2007 06:10:00 – © 2007 AFP