[26/04/2007 10:45:23] MUNICH (AFP) Le patron de Siemens Klaus Kleinfeld, poussé vers la sortie en raison d’affaires de corruption, a présenté jeudi, la mine grave, de brillants résultats financiers alors que son prochain départ forcé suscite en Allemagne plus d’incompréhension que de soulagement. “Ce sont les chiffres dont nous avons toujours rêvé”, a assuré Klaus Kleinfeld, d’une voix blanche, lors d’une conférence de presse à Munich (sud). La veille, M. Kleinfeld avait annoncé que face à la réticence de certains administrateurs, il renonçait à demander une prolongation de son contrat qui court jusqu’à fin septembre. Il a indiqué jeudi qu’il pourrait partir plus tôt, si un successeur lui était trouvé. Le bénéfice net au deuxième trimestre de l’exercice décalé de Siemens (entamé fin septembre) a augmenté de 36% sur un an à 1,26 milliard d’euros. Le chiffre d’affaires a gagné 10%. Ces chiffres apparaissent comme un succès pour la restructuration musclée mais socialement douloureuse qu’a menée M. Kleinfeld depuis sa nomination en janvier 2005. Le patron sortant, marathonien chevronné qui ne s’est déridé jeudi que pour évoquer le temps qu’il va pouvoir consacrer désormais à la course à pied, a fixé des objectifs ambitieux pour Siemens: une croissance du chiffre d’affaires deux fois supérieure à celle de l’économie mondiale, et un retour sur le capital investi (indicateur de rentabilité) de 14 à 16% en 2010 contre 10% en 2006. Dans un tel contexte, le renvoi hâtif de M. Kleinfeld, pas inquiété jusqu’ici par la justice, suscite l’incompréhension. Le ministre de l’Economie allemand Michael Glos a assuré jeudi “regretter beaucoup” le départ de “l’un des managers les plus compétents d’Allemagne.” La démission la semaine dernière de l’ancien patron de Siemens devenu président du conseil de surveillance, Heinrich von Pierer, avait été mieux comprise car c’est sous sa direction, mais sans que sa probité ait jusqu’ici été mise en cause, que se sont déroulées pour l’essentiel les malversations présumées. Siemens est surtout soupçonné d’avoir versé au moins 400 millions d’euros de dessous-de-table pour décrocher de gros contrats de télécommunications. Alors que la redoutée SEC, l’autorité boursière américaine, vient d’ouvrir une enquête formelle sur Siemens et aurait selon la presse fait elle-même pression pour le renvoi de M. Kleinfeld, les administrateurs du groupe ont l’intention de faire table rase. Quitte à jeter l’entreprise dans des turbulences sans précédent, et dans une vacance du pouvoir alors que certains chantiers ne sont pas achevés. Siemens doit encore trancher entre mettre en Bourse ou vendre sa filiale d’équipements automobiles VDO, sous l’oeil inquiet des 50.000 salariés concernés. Le Financial Times Deutschland n’a pas mâché ses mots dans son éditorial jeudi, qualifiant le départ de M. Kleinfeld de “plus grand désastre possible. Dire (des administrateurs) qu’ils manquent de professionnalisme est encore trop doux”, s’emporte le journal. A la tête de cette opération “mains propres”, selon la presse: le nouveau président du conseil de surveillance Gerhard Cromme, réputé être une autorité morale du capitalisme allemand, et le numéro deux de l’organe de contrôle, Josef Ackermann. Ce dernier, patron de la Deutsche Bank, avait été inquiété dans le scandale financier Mannesmann. M. Ackermann s’était sorti de ce mauvais pas par un dispendieux accord hors tribunal, mais n’avait jamais envisagé d’abandonner son poste à la DB, souligne perfidement le Financial Times Deutschland. |
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