Eviction du PDG d’Eramet : le ton monte entre Areva et le gouvernement

 
 
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L’ancien PDG du groupe minier français Eramet Jacques Bacardats, le 27 avril 2006 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[27/04/2007 13:24:27] PARIS (AFP) Le ton montait après l’éviction du PDG d’Eramet entre Areva et le gouvernement, ce dernier ayant sommé vendredi le groupe nucléaire public de lui fournir des “éclaircissements”.

Le ministre de l’Economie Thierry Breton et celui de l’Outre-mer Hervé Mariton “ont écrit au président du conseil de surveillance d’Areva, Frédéric Lemoine, pour lui demander d’obtenir des éclaircissements” sur cette affaire “de la présidente du directoire Anne Lauvergeon, d’ici à la prochaine réunion du conseil le 3 mai”, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale.

Mercredi, à la surprise générale, Areva, qui détient 26% d’Eramet, et la famille Duval (37%) n’ont pas renouvelé en assemblée générale le mandat du PDG Jacques Bacardats, remplacé par Patrick Buffet, membre du conseil de surveillance d’Areva, présenté comme un proche de Mme Lauvergeon.

Une décision qui suscite des interrogations, cette dernière ayant indiqué récemment que ses 26% dans Eramet étaient “trop ou pas assez”.

La demande des ministres porte “sur la méthode, car le conseil d’administration d’Eramet avait décidé de reconduire Jacques Bacardats”, souligne-t-on au gouvernement.

Et si Areva a bel et bien informé le gouvernement de ses intentions, Mme Lauvergeon n’en a pas indiqué “la raison”, ajoute-t-on. “Jacques Bacardats n’a pas démérité, alors est-ce qu’il y a une stratégie derrière ?”, s’interroge-t-on.

“Nous souhaiterions y voir plus clair”, a indiqué à l’AFP M. Mariton, se disant “très attentif au bon développement économique et social de la Nouvelle-Calédonie où Eramet joue un rôle essentiel”.

Le dossier Eramet, maison mère de la Société Le Nickel, opérateur historique du nickel calédonien et premier employeur privé du caillou, est ultra-sensible.

La possibilité que des géants miniers, comme le suisse Xstrata ou le brésilien CVRD, s’emparent du groupe, inquiète. En visite sur l’île, le ministre délégué à l’Aménagement du territoire Christian Estrosi a assuré vendredi que “le patriotisme économique” jouerait en faveur d’Eramet, en cas de victoire à la présidentielle du candidat UMP Nicolas Sarkozy.

Ce n’est pas, la première fois que l’Etat et Areva, qui le représente indirectement dans Eramet depuis 1999, s’opposent sur ce dossier.

Selon la presse, des contacts avaient eu lieu entre Areva et CVRD en août 2005 pour une vente d’Eramet, avant que l’Etat n’y oppose son veto.

Suite au courrier des ministres, la réaction d’Areva ne s’est pas fait attendre.

Dans un communiqué, le groupe a souligné que la décision de ne pas renouveler M. Bacardats a été prise “conformément aux règles de gouvernance” et qu’elle avait “été approuvée par l’assemblée générale et les représentants de la Nouvelle-Calédonie (5% du capital d’Eramet)”.

Areva a par ailleurs assuré que “le directeur général de l’Agence des participations de l’Etat a été informé le 18 avril”, soit une semaine avant la nomination de M. Buffet qui “a été félicité par un ministre délégué de Bercy dans la soirée”.

“Le ministre de l’Outre-Mer a été informé le (mardi) 24 avril”, a encore indiqué le groupe.

Ce nouvel épisode souligne la dégradation notoire des relations entre M. Breton et Mme Lauvergeon, régulièrement citée, pour le remplacer à Bercy en cas de victoire de Nicolas Sarkozy.

Après la perte en décembre d’un méga-contrat en Chine par Areva, M. Breton avait estimé que le groupe traversait “une passe difficile”, une pique pour la présidente du groupe.

Le ministre de l’Economie s’est également opposé à une ouverture plus grande du capital d’Areva, annoncé par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, un sérieux revers pour Anne Lauvergeon, qui militait en ce sens depuis longtemps.

 27/04/2007 13:24:27 – © 2007 AFP