[27/04/2007 18:46:41] NEW YORK (AFP) L’euro a grimpé vendredi à un niveau jamais atteint depuis son lancement en 1999 face au dollar, un record qui résulte à la fois du ralentissement économique aux Etats-Unis et de la reprise en zone euro. Il a enregistré dans la foulée un nouveau record face au yen, à 163,23 yens. L’euro a atteint 1,3682 dollar à 12H30 GMT. Le précédent sommetde la monnaie unique, lancée en 1999 et utilisée aujourd’hui dans treize pays par quelque 320 millions de personnes, remontait au 30 décembre 2004 à 1,3666 dollar. Alors que le record était en vue depuis une semaine, le coup de grâce pour le billet vert est venu du chiffre de la croissance américaine au premier trimestre, publié vendredi à 12H30 GMT. Le produit intérieur brut (PIB) américain n’a progressé que de 1,3% en rythme annuel au premier trimestre, en net ralentissement par rapport au dernier trimestre 2006 (+2,5%). Il s’agit du rythme de croissance le plus faible aux Etats-Unis depuis quatre ans. Depuis le début de l’année, l’euro affiche une progression de 3,5%. Et depuis le début de 2006, il s’est apprécié de près de 16%, poussé par la nette reprise économique en zone euro, où l’Allemagne, longtemps à la traîne, a repris son rôle de locomotive, et l’essoufflement de l’économie américaine. Le Fonds monétaire international a estimé à la mi-avril que la croissance de la zone euro devrait dépasser celle des Etats-Unis en 2007, pour la première fois depuis 2001. “La croissance de la zone euro a atteint 2,8% en 2006, et semble tenir bon jusqu’à présent cette année”, a commenté Howard Archer, analyste chez Global Insight.
Les implications monétaires de cette situation sont favorables à la devise européenne. Le taux directeur de la Réserve fédérale (Fed) est établi à 5,25% depuis juin dernier, et les économistes s’attendent à le voir baisser sous peu, à cause de l’essoufflement économique. Au cabinet Capital Economics, on parie sur un taux directeur américain à 4,50% fin 2007. Or depuis fin 2005, les taux de la zone euro sont passés de 2% à 3,75% –les marchés attendent 4% en juin– réduisant le différentiel favorable au dollar. Dans ce contexte, les investisseurs à la recherche de bons rendements pourraient continuer de délaisser le dollar au bénéfice de l’euro, de la livre, ou des dollars des antipodes, devises dites “à haut rendement” en raison de taux d’intérêt à 6,25% en Australie, et 7,75% en Nouvelle-Zélande. Le yen, avec des taux japonais à 0,50%, ne profite pas de cette tendance, et se retrouve au contraire exposé à la dépréciation. “La hausse des taux américains entre juin 2004 et juin 2006 a attiré des flux de capitaux vers les Etats-Unis. Mais avec la fin de ce cycle de hausse (…), il existe un fort risque que ces flux de capitaux se détournent des Etats-Unis”, a analysé M. Archer. Pour la plupart des analystes, le seuil de 1,37 dollar devrait céder à court terme. Les réactions n’ont pas tardé en zone euro, mais les hommes politiques qui se sont exprimés n’ont pas cédé à l’alarmisme. Le président de l’Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a déclaré vendredi qu’il n’était “pas inquiet du taux” de change de l’euro. Pour Michael Glos, ministre allemand de l’Economie, le niveau actuel de l’euro n’est “pas encore un sujet d’inquiétude”. Les réactions en France pourraient être différentes. Les deux finalistes de l’élection présidentielle, la candidate socialiste Ségolène Royal et le candidat de droite Nicolas Sarkozy ne cachent pas qu’ils sont partisans d’une plus grande intervention des gouvernements dans les décisions de la Banque centrale européenne, qu’ils tiennent pour responsable de l’appréciation de l’euro. |
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