[27/04/2007 15:55:58] WASHINGTON (AFP) La croissance américaine est tombée au premier trimestre à son plus bas niveau en quatre ans, plombée par la crise de l’immobilier, mais les analystes veulent croire que le pire est passé. La croissance a ralenti à 1,3% seulement après 2,5% au trimestre précédent (en rythme annuel), des chiffres qui ont immédiatement propulsé l’euro à un niveau record par rapport au dollar (1,3682 USD). “C’est un mauvais rapport”, a estimé l’économiste indépendant Joel Naroff, notant qu’il s’agit du “quatrième trimestre consécutif de croissance en sous-régime” Les analystes tablaient sur une hausse de 1,8% du produit intérieur brut (PIB). Et il faut remonter au premier trimestre 2003, marqué par le début de la guerre en Irak, pour trouver une croissance moins forte. Aujourd’hui, c’est le secteur immobilier qui explique l’essentiel de la faiblesse de l’économie, souligne Steven Wieting du groupe Citi. L’investissement résidentiel a accusé son sixième trimestre consécutif de baisse, avec un recul de 17%. La crise de l’immobilier est l’une des grandes inconnues planant sur l’économie américaine: que se passera-t-il si les difficultés du secteur gangrènent le pouvoir d’achat des ménages? Pour le moment, la menace ne s’est pas concrétisée: au premier trimestre, les Américains ont continué d’assurer leur rôle de locomotive de la croissance, avec une hausse de 3,8% de leurs dépenses de consommation. Et c’est pour les analystes un motif de réconfort. “En dehors de l’immobilier, la demande intérieure a été impressionnante”, souligne M. Wieting. Les entreprises de leur côté se sont remises à investir, ce qui devrait rassurer la banque centrale qui s’était inquiétée du niveau “étonnamment faible” de l’investissement ces derniers temps. Aussi la Bourse de New York a-t-elle peu réagi à cette nouvelle. “Ce rapport exagère le ralentissement de l’économie”, assure John Lonski, chef économiste de Moody’s Investor Services, en détaillant pourquoi divers facteurs ayant plombé la croissance ne devraient pas se répéter. Les stocks anémiques constitués par les entreprises ?: “cela a ralenti la croissance mais améliore les perspectives pour les deux trimestres à venir”, ajoute-t-il. La détérioration de la balance commerciale ?: une “anomalie”, que la bonne performance des entreprises à l’international devrait corriger. Les dépenses publiques enfin sont également en dessous de leur moyenne, souligne M. Lonski. “Nous avons probablement touché le point le plus bas du cycle” économique, affirme Nariman Behravesh de Global Insight, qui voit plutôt la menace du côté de l’inflation. L’indice des prix lié au PIB a bondi de 4%, ce qui est la plus forte progression en 16 ans, et l’indice fétiche de la banque centrale a lui aussi accéléré à 2,2%. Or tant que l’inflation refusera de s’infléchir, la Réserve fédérale sera très réticente à baisser son principal taux directeur, actuellement fixé à 5,25%. “Il n’y a pas grand chose dans ce rapport qui laisse espérer une baisse des taux au second semestre”, estime M. Lonski. La prochaine réunion de la Fed aura lieu le 9 mai. Une partie des analystes pourtant prend le contre-pied de cet optimisme. Il y a peu de chances que la consommation reste aussi robuste et les entreprises vont sans doute demeurer très prudentes, estime M. Naroff, et “tout cela fait que la croissance restera en sous-régime jusqu’à la fin de l’été”. L’économiste souligne qu’au cours des trois dernières années, l’inflation a en fait peu accéléré. “L’inflation n’est pas trop élevée, mais la croissance est trop basse. Combien de trimestres décevants faudra-t-il encore pour que la Fed se réveille?”, interroge-t-il. |
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