L’euro à des niveaux historiques grâce à l’embellie économique en Europe

 
 
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Des euros et des dollars (Photo : Bertrand Langlois)

[28/04/2007 05:53:01] PARIS (AFP) L’envolée de l’euro, qui a enregistré des records historiques vendredi face au yen et au dollar, est largement due à l’embellie économique de la zone euro, alors que les Etats-Unis traversent un passage à vide et que la reprise japonaise est encore fragile.

L’euro est monté vendredi jusqu’à 1,3682 dollar, son plus haut niveau jamais atteint depuis son premier jour de cotation en 1999, dans la foulée d’un chiffre très décevant sur le produit intérieur brut américain.

Celui-ci n’a progressé que de 1,3% en rythme annuel au premier trimestre, en net ralentissement par rapport au dernier trimestre 2006 (+2,5%).

Le Fonds monétaire international (FMI) vient d’ailleurs de revoir en forte baisse sa prévision de croissance américaine pour 2007 à 2,2%, alors qu’il envisageait encore 2,9% en septembre dernier, même s’il table sur une reprise à 2,8% dès 2008.

A l’inverse, le FMI vient de relever sa prévision 2007 de 2% à 2,3% pour la zone euro, qui avait déjà connu en 2006 sa croissance la plus rapide depuis 2000, à 2,6%.

“Pendant très longtemps, on a fait moins bien que les autres. Ca semble aller un peu mieux depuis 2005”, explique Sylvain Broyer, économiste chez Natixis.

L’Europe bénéficie d’une forte reprise en Allemagne, redevenue le moteur de la zone euro, d’une Espagne également très dynamique, le tout sans signe d’inflation.

La croissance européenne devrait donc doubler pour la première fois depuis 2001 celle des Etats-Unis, qui souffre du retournement de l’immobilier, moteur de la croissance des dernières années.

Pour redonner du souffle à l’économie américaine, la Réserve fédérale pourrait baisser cet été ses taux d’intérêt, actuellement à 5,25%.

Parallèlement, la Banque centrale européenne devrait augmenter son principal taux en juin de 3,75% à 4%.

L’écart de taux se resserre donc entre les deux zones, ce qui soutient l’euro aux dépens du billet vert.

En outre, les déficits des comptes courants et du commerce extérieur américains restent gigantesques, et minent le billet vert depuis 5 ans.

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Cours de l’euro depuis décembre

Face au yen, la flambée de l’euro, qui a également enregistré un record vendredi à 163,02 yens, s’explique aussi largement par les fondamentaux économiques.

Après des années d’une grave déflation, le Japon sort à peine la tête de l’eau. Si son commerce extérieur se porte à merveille, les prix à la consommation baissent depuis deux mois, faisant craindre un retour de la déflation, et la consommation reste atone.

Les taux directeurs de la Banque du Japon, les plus bas des pays développés à 0,50%, ne devraient donc pas être significativement relevés avant longtemps, et leur énorme écart avec les taux européens et américains devrait persister.

Ce qui encourage les investisseurs à poursuivre les stratégies de “carry trade” massives des derniers mois, qui consistent à emprunter en yen pour faire des placements plus rémunérateurs en euro ou dollars.

L’euro devrait donc poursuivre sa progression. “Nous avons un objectif de 1,40 dollar d’ici la fin de l’été”, indique Eric Vergnaud, responsable des études sur la zone OCDE chez BNP Paribas.

“L’euro pourrait atteindre à 1,38 dollar d’ici trois mois”, renchérit Sylvain Broyer.

D’autant plus que les responsables européens ne cillent pas face à la poussée de fièvre de la monnaie unique.

Le président de l’Eurogroupe, qui regroupe les ministres des Finances de la zone, a déclaré vendredi qu’il n’est “pas “inquiet” du niveau de l’euro, qui n’est “pas encore un sujet d’inquiétude” pour Michael Glos, le ministre allemand de l’Economie.

 28/04/2007 05:53:01 – © 2007 AFP