La vidéo, élément phare de la campagne électorale sur internet

 
 
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Un ordinateur connecté à Internet, le 22 avril 2007 au Conseil d’Etat à Paris (Photo : Franck Fife)

[28/04/2007 06:58:15] PARIS (AFP) Satirique, informative ou militante, la vidéo politique constitue un élément stratégique de la campagne électorale sur internet : disponible sur les plateformes d’hébergement gratuit, les blogs et les sites des partis, elle se propage de plus en plus via les courriels.

A l’approche du verdict des urnes, le “marketing viral” s’exacerbe. “Il y a quelques mois, il fallait aller sur des liens pour trouver des vidéos politiques. Maintenant, on les reçoit en pièces jointes par mail, dans une sorte de frénésie”, déclare à l’AFP Sophie Pène, professeur en Sciences de l’information à l’université Paris Descartes.

La vidéo militante “peut constituer une arme de combat terrible”, selon elle. “On se mitraille avec, on tient des positions, on envahit des forums. Ce sont des guerres de tranchées pour occuper les espaces”, estime-t-elle.

Des chercheurs ont lancé récemment un “vidéomètre” pour mesurer l’audience des vidéos politiques sur le net. Cet instrument (videolab.lhivic.org), fournit un classement quotidien des 25 vidéos les plus vues ce jour-là sur les plateformes de diffusion Dailymotion et Youtube.

La vidéo montage “Le vrai Sarkozy” arrive avec persistance dans le peloton de tête, indique à l’AFP Rémi Douine, doctorant en Sciences économiques à Télécom Paris, qui a mis au point le vidéomètre avec le Lhivic (Laboratoire d’histoire visuelle de l’Ecole des Hautes études en Sciences sociales). Présent sur le net depuis juillet, ce petit film à charge contre le candidat de l’UMP, connaît une progression constante de sa diffusion.

Les sketches de l’humoriste Florence Forresti sur Ségolène Royal et Cécilia Sarkozy sont également très prisés, ajoute le chercheur.

Depuis jeudi, M. Douine propose également un “vidéomètre du second tour”, qui classe uniquement les vidéos postées après le 21 avril. “Cela permet de déceler des mouvements plus fins, de voir les stratégies : l’UMP a publié l’intervention d’Eric Besson à Dijon, le PS les carnets de campagne de François Hollande…”, déclare-t-il. Des vidéos montage hostiles à la candidate socialiste (“Ségolène ne sait pas tout”) apparaissent dans ce vidéomètre.

Le PS occupe davantage le terrain de la vidéo que l’UMP, non seulement sur le plan de l’offre mais plus nettement encore sur celui de l’audience, relève le chercheur.

“Nous avons décidé de porter nos contenus là où se trouvaient les internautes, notamment sur Dailymotion, Youtube ou Google video, pour leur assurer une diffusion la plus large possible”, indique à l’AFP Benoît Thieulin, responsable de la net campagne de Ségolène Royal.

Pour sa part, l’équipe de Nicolas Sarkozy a choisi d’avoir sa propre télévision, NSTV, “hébergée à la maison”, au QG de campagne du candidat, dans “une vision centripète” des choses, considère l’universitaire Sophie Pène.

Les partisans du président de l’UMP postent aussi des vidéos sur Dailymotion ou Youtube mais c’est plus récent, selon M. Douine.

Loïc Le Meur, un des conseillers internet de Nicolas Sarkozy, se montre sceptique sur les chiffres d’audience des plateformes d’hébergement. “C’est totalement artificiel des deux côtés”, dit-il à l’AFP en affirmant que “les militants peuvent mettre des robots qui cliquent automatiquement sur certaines vidéos”.

Dailymotion fonctionne sans modération a priori. “C’est la communauté qui régule”, indique Marc Eychenne, responsable du contenu créatif de la plateforme créée en 2005. “Si on nous signale un problème, on regarde la vidéo et on l’enlève au besoin. Mais jusqu’à présent nous n’avons pas eu à le faire pour des vidéos sur la présidentielle”, déclare-t-il.

 28/04/2007 06:58:15 – © 2007 AFP