La
communication faite par M. Claude Smadja, président de Smadja & Associates
inc. Suisse, dans le cadre du traditionnel forum annuel du magazine L’Economiste
Maghrébin, organisé sur le thème: «L’internationalisation de l’économie
tunisienne : défis et opportunités, les expériences des autres» a été fort
applaudie par un panel imposant de diplomates, économistes, universitaires,
banquiers et autres. Et pour cause. Elle traitait d’un thème d’une brûlante
actualité : les armes à acquérir par un pays ou par une entreprise pour
réussir tout projet d’internationalisation.
Pour M. Smadja, l’entreprise, pour survivre aujourd’hui,
doit impérativement s’internationaliser. A cette fin, elle doit acquérir ce
qu’il appelle «5 pouvoirs majeurs».
Premièrement,
il s’agit
d’acquérir en priorité le pouvoir de la connaissance et de l’innovation,
pouvoir que M. Smadja qualifie d’«arme absolue».
Selon lui, le classique avantage compétitif du «travail bon
marché» n’est plus ni de mode ni d’actualité. «Cette ressource, a-t-il dit,
est devenue de nos jours inépuisable. La Chine et l’Inde sont en mesure, à
eux seules, de subvenir aux besoins du monde entier en cette main-d’œuvre
bas salaire».
Il estime que «la source de la profitabilité consiste
désormais en l’acquisition de la connaissance et en sa transformation en
innovation et en gains de productivité. Cette même recette, a-t-il précisé,
qui a fait ce qu’est le miracle économique aujourd’hui».
M. Smadja devait soutenir que le monde de nos jours n’est
plus un monde de producteurs mais un monde de consommateurs, d’où l’enjeu
des marges. La guerre économique, aujourd’hui, est une guerre des marges.
Le conférencier a tenu à préciser que la connaissance ne se
limite pas à la maîtrise du High tech mais dans le «time Knowledge» -c’est
le temps à mettre pour acquérir avant les autres la connaissance. Plus
simplement encore, il s’agit de disposer de la connaissance avant les
concurrents
Deuxième pouvoir
à acquérir par un pays ou une entreprise candidats à
l’internationalisation, celui de la communication.
Concrètement, il s’agit de faire en sorte que producteurs,
consommateurs, fournisseurs… soient impliqués dans la réalisation des
objectifs fixés par le pays ou l’entreprise qui désirent opérer hors des
frontières nationales.
Car, a-t-il fait observer, la globalisation met l’accent sur
les éléments intangibles.
Par-delà cette terminologie qui paraît rébarbative pour
certains, l’entreprise moderne est appelée à intégrer le social dans sa
stratégie de redéploiement en dehors du périmètre local. En plus clair,
l’entreprise mondialisée doit être responsabilisée et acquérir la capacité
de rendre compte à la société civile dont la montée dans le monde ne peut
plus être, hélas !, ni occultée ni ignorée.
Conséquence : un seul mot d’ordre pour les candidats à
l’internationalisation, faire preuve et de transparence et de
responsabilité. C’est aussi l’unique issue pour acquérir la légitimité
internationale requise.
Troisième pouvoir,
l’entreprise qui désire s’internationaliser doit
s’impliquer dans la réseautique.
Une
telle démarche signifie l’adhésion à des réseaux de relations de partenariat
complexes entre producteurs, consommateurs, fournisseurs, centrales d’achat,
clients…, l’ultime but étant d’étendre sa capacité d’action et de pouvoir
gommer les faiblesses microéconomiques par la puissance de la réseautique.
Pour M. Smadja, la réseautique est l’ensemble des situations où toutes les
parties sont unies par des rapports de partenariat «win win
situation», voire des rapports «gagnant gagnant».
Quatrième pouvoir
ou défi à relever,
la capacité de s’adapter aux exigences du marché.
Pour M.Smadja, les entreprises et pays
postulant à l’internationalisation doivent répondre obligatoirement à trois
critères : flexibilité, rapidité et mobilité.
Pour ce faire, l’entreprise doit être proactive et se doter,
à cet effet, de structures de veille et d’intelligence économique. « La
règle d’or est d’anticiper et de faire plus vite que les autres» a soutenu
le conférencier avant d’ajouter : « le temps, de nos jours est plus précieux
que l’argent».
Pourquoi, la Chine avance t-elle plus rapidement que l’Inde,
s’est il interrogé,. Tout simplement parce qu’en Chine, les décisions sont
prises et exécutées tandis qu’en Inde les décisions sont prises mais
discutées. D’où une perte de temps qui peut être comptabilisée en points de
croissance de moins.
Cinquième pouvoir,
celui du respect
de la diversité dans son acception la plus globale
(raciale, ethnique, culturelle…). Le
pays ou l’entreprise qui ambitionne de s’aventurer en dehors des frontières
locales sont invités à composer avec un monde multipolaire, multiethnique,
multi-compétences. Les entreprises et pays monolithiques sont d’office
perdants et voués à l’échec : «le talent n’est plus de nos jours l’apanage
des écoles françaises ou américaines, le talent est désormais global».