[30/04/2007 14:44:57] FRANCFORT (AFP) Les consommateurs et les chefs d’entreprise européens affichent un moral d’acier sur le front économique malgré l’euro fort, un optimisme qui pourrait inciter la BCE à poursuivre ses hausses de taux en dépit des critiques et d’une inflation modérée. Une batterie d’indicateurs publiés lundi par la Commission européenne est venue conforter l’euphorie qui règne dans la zone euro. Le climat des affaires, qui mesure la confiance des industriels, a atteint en avril un nouveau sommet, à 1,61 point. Les entrepreneurs et les consommateurs ont aussi le sourire: l’indice de confiance économique s’est maintenu à un niveau élevé en avril, à 111 points. Des signes qui laissent penser que l’embellie économique que traversent les treize pays de la zone devrait se poursuivre, après une croissance de 2,6% en 2006, du jamais vu depuis six ans. Les Européens ont d’autant plus de raison d’être contents que cette croissance solide s’accompagne d’une inflation modérée. En avril, elle a ralenti à 1,8% sur un an, après 1,9% en mars dans la zone euro, selon une estimation provisoire d’Eurostat, l’office statistique des Communautés européennes. La hausse des prix est ainsi restée dans les limites fixées par la Banque centrale européenne (BCE), pour qui la stabilité des prix est garantie quand l’inflation est proche mais en dessous de 2%. “Une croissance solide, doublée d’une inflation modérée. L’eurozone continue à vivre un conte de fée”, commente Holger Schmieding, économiste de Bank of America. Selon les dernières prévisions du FMI, la zone euro devrait même enregistrer cette année une croissance supérieure à celle des Etats-Unis, pour la première fois depuis 2001. Rien, pas même les récents records de l’euro face au yen et au dollar, ne semble capable d’entamer cet optimisme généralisé. Après avoir atteint vendredi de nouveaux records historiques face au dollar et au yen, l’euro s’échangeait encore lundi autour de 1,36 dollar. Malgré la hausse des prix modérée, la BCE a clairement fait comprendre qu’elle allait poursuivre son cycle de hausse de taux, au risque de continuer à soutenir l’euro. Et ce malgré les cris d’orfraie de nombreux responsables politiques français. Les deux candidats en lice à l’élection présidentielle, la socialiste Ségolène Royal (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP, droite), n’ont pas ménagé leurs critiques à l’égard des gardiens de l’euro, coupables à leurs yeux de pénaliser la croissance par leurs hausses de taux successives. M. Sarkozy a reconnu lundi, via l’un de ses principaux conseillers François Fillon, “qu’il n’était pas raisonnable de demander la réforme de la BCE”. “Nous demandons simplement que la BCE accepte de regarder la situation et d’essayer de balancer la politique monétaire européenne” pour qu'”on puisse encore fabriquer des avions en Europe”, a dit M. Fillon. Mais la BCE fait valoir que l’inflation devrait repartir en hausse en fin d’année et repasser l’an prochain au-dessus de son objectif d’inflation. Les gardiens de l’euro s’inquiètent aussi d’une possible nouvelle flambée des prix du pétrole et des revendications salariales, notamment en Allemagne, où les salariés veulent avoir une part plus importante du gâteau de la croissance retrouvée après des années de modération. Une nouvelle hausse de taux est attendue pour juin par les analystes, ce qui porterait le taux directeur de la BCE de 3,75% à 4%. La BCE a durci à sept reprises les conditions du crédit en zone euro depuis décembre 2005. |
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