Chavez annonce le retrait du Venezuela du FMI et de la Banque mondiale

 
 
SGE.UDT20.010507144903.photo00.quicklook.default-245x171.jpg
Le président vénézuélien Hugo Chavez à Barquisimeto, le 28 avril 2007 (Photo : Juan Barreto)

[01/05/2007 14:49:22] CARACAS (AFP) Le Venezuela a décidé de se retirer, avec effet immédiat, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, a annoncé le président Hugo Chavez, qualifiant ces organismes de “mécanismes de l’impérialisme” destinés à exploiter les pays pauvres.

“J’annonce notre sortie de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (…). Ils doivent nous rendre les fonds”, a déclaré Hugo Chavez dans un message transmis lundi par la télévision nationale à l’occasion de la Fête du 1er mai.

“Il vaut mieux que nous sortions avant qu’on nous ait pillés. Pourquoi? Parce que (ces institutions) sont en crise. J’ai lu dans la presse que le FMI ne pouvait pas payer les salaires”, a ajouté le président vénézuélien dans un discours à la nation.

“Ici (au Venezuela) c’est le FMI qui commandait, ce mécanisme aux mains de l’impérialisme nord-américain (…) afin de lui imposer des politiques économiques et sociales brutales”, a poursuivi le chef de file de la gauche radicale latino-américaine réélu en décembre, qui a également annoncé une hausse de 20% du salaire mimimum.

Selon lui, les ministres des Finances vénézuéliens des cabinets précédents répondaient à des intérêts étrangers. “Ils vivaient pratiquement là-bas à Washington et c’était presque une condition requise qu’ils parlent anglais. Moi j’ai un ministre des Finances qui parle espagnol”, a-t-il souligné.

Créé au lendemain de la guerre mondiale, le FMI est confronté à une crise de légitimité, notamment en Amérique latine, où il fait face à une vague de mécontentement grandissante.

Après avoir vécu comme une tutelle pesante les cures d’austérité imposées par le Fonds dans les années 1980 et 1990, les pays d’Amérique du Sud s’en sont largement affranchi en remboursant par anticipation une grande partie de leurs dettes (Brésil, Uruguay, Argentine) grâce à la croissance économique retrouvée. Et ils demandent à présent des compte à des institutions dominées depuis toujours par les Etats-Unis et l’Europe.

Le président socialiste d’Equateur Rafael Correa, allié de Hugo Chavez, a récemment expulsé le représentant de la Banque mondiale dans le pays.

Et le projet de “Banque du Sud”, lancé par le président vénézuélien pour donner plus d’autonomie aux pays d’Amérique latine à l’égard des institutions internationales, a reçu le soutien de l’Argentine, la Bolivie, l’Equateur et depuis peu du Brésil.

Le président vénézuélien a par ailleurs posé un nouveau jalon dans la nationalisation des activités stratégiques du pays mardi en faisant occuper symboliquement par l’armée et le “peuple”, les gigantesques gisements pétroliers de l’Orénoque, jusqu’à présent aux mains de multinationales étrangères.

Après sa réélection triomphale en décembre, M. Chavez, au pouvoir depuis 1999, a accéléré la prise de contrôle de secteurs stratégiques tels l’électricité ou les télécommunications annonçant aussi des réquisitions de terres aux profits de paysans pauvres et la refonte d’un système de santé largement privatisé.

Concrètement, la nationalisation du pétrole de l’Orénoque passe par une montée du groupe public vénézuélien PDVSA à 60% du capital des quatre entreprises mixtes exploitant le brut extra-lourd de cette région.

M. Chavez a organisé à l’occasion du 1er mai un grand rassemblement populaire avec déploiement de l’armée, sur le complexe de José (à 250 km à l’est de Caracas) où ces quatre firmes pré-raffinent le pétrole non conventionnel et très visqueux de la Ceinture de l’Orénoque. Cette zone, qui s’étend sur 55.300 km2, est considérée comme l’un des plus riches réservoirs pétroliers de la planète.

L’occupation est surtout symbolique puisque la quasi totalité des firmes étrangères engagées dans la zone ont donné cette semaine leur accord de principe pour céder la majorité de leurs filiales à Petroleos de Venezuela (PDVSA).

 01/05/2007 14:49:22 – © 2007 AFP