Le patron de BP John Browne s’en va sur une dernière affaire, cette fois sur sa vie privée

 
 
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Le patron de BP John Browne lors d’une conférence de presse à Londres, le 25 juillet 2006 (Photo : Odd Andersen)

[01/05/2007 17:15:12] LONDRES (AFP) Le patron du numéro trois mondial du pétrole BP, John Browne, a annoncé sa démission immédiate mardi après que la justice britannique a autorisé des tabloïds à révéler son homosexualité, dernier coup dur pour celui qui a régné à la tête du groupe pendant 12 ans.

La Haute Cour de Londres a levé une injonction qui interdisait jusqu’alors au groupe de presse Association Newspapers –qui regroupe le Daily Mail, le Mail on Sunday et l’Evening Standard– de publier des détails sur la vie privée du dirigeant, âgé de 59 ans.

Lord Browne, qui devait partir à la fin juillet, a démissionné aussitôt après la perte de cette procédure, le groupe annonçant son remplacement par son successeur désigné, Tony Hayward, l’un des cadres de la compagnie.

Son départ prématuré lui fait perdre un bonus de 3,5 millions de livres (5,1 millions d’euros). Il renonce aussi à un plan de rémunération en actions qui aurait pu lui rapporter 12 millions sur les années 2007-2009.

“Au cours des 41 années que j’ai passées chez BP, j’ai maintenu ma vie privée à l’écart de ma vie professionnelle. J’ai toujours considéré ma sexualité comme une affaire personnelle. Il est très décevant qu’un groupe de presse ait décidé désormais que des allégations concernant ma vie privée doivent être rendues publiques”, a déclaré M. Browne dans un communiqué.

A l’origine de l’affaire, le Canadien Jeff Chevalier, partenaire du dirigeant de 2002 à 2006 a raconté leur relation aux journaux en question. Selon lui, John Browne lui a procuré de nombreux avantages financiers et en nature, parfois en utilisant les moyens de la compagnie. Il l’a accusé aussi d’avoir divulgué des informations confidentielles.

John Browne a qualifié ces allégations de “trompeuses et d’erronées” et démenti “tout comportement incorrect” à l’égard de BP. Il a simplement regretté avoir menti sur les conditions de sa rencontre avec M. Chevalier.

Ce dernier épisode clôt une série noire pour le patron de BP, entamée en mars 2005 avec l’explosion de la raffinerie de Texas City, qui a fait 15 morts. Plusieurs rapports d’enquête ont dénoncé depuis des négligences en matière de sécurité, mettant en cause personnellement John Browne.

La réputation de BP a été entachée aussi par une pollution en Alaska l’été dernier, et par des accusations de manipulation des cours du gaz aux Etats-Unis.

Sur le plan économique, le recul de la production et des bénéfices de BP lui ont fait perdre sa place de numéro deux mondial, qui plus est au profit de son concurrent de toujours, Royal Dutch Shell.

Autant de déboires qui avaient déjà amené le dirigeant à avancer à fin juillet 2007 la date de son départ, initialement prévu en 2008 pour ses 60 ans.

D’apparence chétive et affable, né en Allemagne en 1948 d’un père officier britannique et d’une mère hongroise rescapée d’Auschwitz, John Browne, anobli en 1998 et pair à vie depuis 2001, reste une figure très respectée du monde des affaires britanniques pour avoir fait la fortune de la compagnie: elle pèse aujourd’hui plus de 200 milliards de dollars.

Mais le jeune homme entré chez BP en 1966 comme stagiaire, un diplôme de physique en poche, n’en ressort assurément pas par la grande porte. Il souhaite désormais “poursuivre sa vie loin du public”.

 01/05/2007 17:15:12 – © 2007 AFP