[02/05/2007 06:52:24] AYUTTHAYA (AFP) En Thaïlande, où il est consommé trois fois par jour et cultivé par 3,6 millions de familles, le riz est plus qu’un aliment, il représente la vie et pas un grain ne se perd. Le royaume, l’un des premiers pays à avoir cultivé le riz, en est aujourd’hui le premier exportateur mondial (7,5 millions de tonnes en 2005). Mais cette culture vitale pourrait être menacée par le dérèglement climatique et son cortège d’inondations et de sécheresses qui, selon des scientifiques, pourraient réduire substantiellement les rendements et affecter durement les communautés rurales thaïlandaises. “Les producteurs pourraient devenir de plus en plus pauvres”, indique Tara Buakamsri de l’organisation écologiste Greenpeace. “L’exode rural pourrait augmenter, créer plus de problèmes sociaux en ville et le produit intérieur brut de la Thaïlande lié à la production de riz pourrait décroître”. Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), réuni depuis lundi à Bangkok, a prédit que les gaz à effet de serre allaient modifier la pluviométrie, intensifier les tempêtes tropicales et amplifier le risque de sécheresses et d’inondations, y compris dans les pays pauvres qui seraient les plus durement touchés. Des événements climatiques extrêmes ont déjà affecté la Thaïlande. Les producteurs de riz de la province centrale d’Ayutthaya se souviennent des inondations qui, l’année dernière, ont détruit la récolte et tué quelque 200 personnes. “Toute la province a été affectée. Je n’avais jamais vu des champs de riz sous l’eau comme ça auparavant”, raconte Mme Sangon Reungtham, 55 ans. La terre craquelée sous ses pieds ne porte pourtant aucune trace des torrents ayant inondé la région. Les producteurs de riz redoutent le dérèglement climatique qu’ils observent depuis quelques années mais ils ne savent pas à quoi l’attribuer. Anond Snidvongs, directeur pour l’Asie du sud-est de START, centre de recherche sur le changement climatique, confirme que des conditions extrêmes pourraient avoir un impact sur la production de riz. Ses recherches initiales à l’université de Chiang Mai montrent que les animaux et micro-organismes qui enrichissent le sol en substances nutritives sont très sensibles à la chaleur et à l’humidité. Les inondations et les grosses pluies contribueraient à l’érosion du sol et au lessivage de ces substances, explique-t-il. “Nous sommes en train de déterminer l’impact sur les rendements, mais, d’après une simple projection, ils pourraient être réduits de moitié”. Une étude de Vichien Kerdsuk, chercheur à l’université de Khon Kaen, montre que la production de riz jasmin dans la région du nord-est a chuté de 45,5% entre 1994 et 2005 à cause des sécheresses et, dans une moindre mesure, des inondations. Les solutions actuellement proposées sont souvent axées sur l’adaptation de la production agricole plutôt que sur les tentatives de stopper le changement climatique. Le Giec a indiqué en février que le réchauffement était maintenant inévitable. Anan Polvatana, directeur adjoint de la recherche à l’Institut thaïlandais du riz, dit que les chercheurs sont en train de développer des variétés de riz résistantes à la chaleur et aux nouveaux insectes et maladies que celle-ci pourrait amener. M. Anan prédit que le revenu des exportations de riz pourrait décroître mais que cette chute n’aurait probablement qu’un effet limité sur l’économie du royaume, car le riz ne représente qu’entre 1 et 2% du PIB. Mais ce sont des millions de personnes qui souffriraient si le bol de riz du monde venait à se vider, explique Mme Sangon. “Si le riz ne peut pousser, notre revenu disparaîtra et nous devrons compter sur les salaires de nos enfants”. |
||
|