Les exportateurs britanniques font les frais de la livre forte

 
 
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Des livres et des dollars (Photo : Bertrand Langlois)

[03/05/2007 13:47:53] LONDRES (AFP) La vigueur de la livre sterling face au dollar a rogné les profits de plusieurs grands groupes britanniques en début d’année, alors que le niveau élevé de l’euro préoccupe aussi sur le continent.

British American Tobacco, qui fabrique les cigarettes Lucky Strike et Dunhill, a annoncé jeudi que son chiffre d’affaires avait progressé de 6% au premier trimestre comparé à l’an dernier, à taux de change constants.

Mais du fait de la fluctuation des monnaies, ses revenus accusent au final une baisse de 3%, à 2,23 milliards de livres (3,27 milliards d’euros). Le groupe a d’ailleurs prévenu que “des taux de change défavorables devraient limiter la croissance de son bénéfice par action sur l’ensemble de l’exercice”.

Le cours moyen de la livre sterling par rapport au billet vert a été supérieur de 11,5% sur les trois premiers mois de l’année comparé à la même période de 2006. La devise britannique a même grimpé en avril au plus haut depuis juin 1981, à plus de deux dollars pour une livre.

Or, British American Tobacco réalise une part importante de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis et dans la zone dollar, où les devises sont liées au billet vert. L’appréciation de la livre par rapport à ces monnaies lui a fait perdre de l’argent lorsqu’il a rapatrié ses revenus de l’étranger.

Le groupe de tabac n’est pas seul dans son cas. Le groupe Pearson, propriétaire du Financial Times et des éditions Penguin, a prévenu la semaine dernière que ses bénéfices pâtiraient de la faiblesse actuelle du billet vert.

“Pearson réalise environ les deux-tiers de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis (dans l’édition scolaire, ndlr) et toute hausse de 5% dans le taux de change moyen dollar/livre cette année affectera le bénéfice par action à hauteur d’un pence”, avait-il expliqué.

Le numéro un européen des médicaments, GlaxoSmithKline, qui tire la moitié de ses revenus des Etats-Unis mais publie ses comptes en livres, a également fait les frais du dollar faible au premier trimestre: son chiffre d’affaires a progressé de 4% à taux constants, mais affiche au final une baisse de 4%.

“Le marché des changes n’a pas été très gentil avec nous”, a constaté le directeur général du groupe, Jean-Pierre Garnier, lors d’une conférence de presse la semaine dernière.

La vigueur de l’euro, qui a battu récemment son record face au billet vert, à 1,3682 dollar, inquiète elle aussi des exportateurs sur le continent, car elle rend leurs produits moins compétitifs même si elle a l’avantage d’abaisser le prix des matières premières vendues en dollars.

Mais les devises ayant plus d’un tour dans leur sac, le numéro deux mondial du pétrole, la compagnie britannique Royal Dutch Shell, qui publie ses comptes en dollars, rencontre le problème inverse.

“Le billet vert s’est affaibli significativement au début du deuxième trimestre et cela pourrait peser sur nos résultats, en augmentant la valeur en dollars de nos coûts en euros” sur le continent, a estimé jeudi Peter Voser, directeur financier du groupe, lors d’une conférence de presse.

 03/05/2007 13:47:53 – © 2007 AFP