[04/05/2007 16:58:28] AMSTERDAM (AFP) Lourdeur de la direction bicéphale franco-allemande d’EADS, retards de production de l’Airbus A380, parachute doré de l’ancien président Noël Forgeard: les dirigeants du groupe européen ont été soumis vendredi aux questions des petits actionnaires lors d’une assemblée générale marathon de six heures à Amsterdam. Le conseil d’administration n’avait pu tomber d’accord sur une proposition de dividende après la division par 16 du bénéfice, tombé à 99 millions d’euros en 2006, plombé par les pertes de sa filiale Airbus (-572 millions). Très inhabituellement, le conseil –dominé par le pacte des actionnaires allemand DaimlerChrysler et français (Lagardère et Etat français)– avait laissé le soin aux actionnaires indépendants de décider si ce bénéfice devait être distribué ou conservé par l’entreprise. EADS doit mobiliser plus de 6,3 milliards d’euros pour compenser les pertes dues au retard de l’Airbus A380 et 10 milliards d’ici 2013 pour développer le futur long courrier A350 XWB. De justesse, à 52,05%, les actionnaires ont choisi un dividende de 12 centimes d’euro par action, le maximum possible, tandis que les votes des membres du pacte d’actionnaires n’étaient pas pris en compte. Arnaud Lagardère, patron du groupe du éponyme, a confirmé que, “par solidarité avec l’ensemble des salariés d’Airbus”, il renonçait au dividende revenant à Lagardère SCA, “soit environ 15 millions d’euros”, de même que l’Etat français.
“Le dividende est la rémunération du risque, notre investissement a perdu 30%, c’est une compensation minimale”, a dit en revanche un tenant du dividende pendant les débats. Quant aux soupçons de délits d’initiés et aux 8,5 millions d’euros d’indemnités de départ de Noël Forgeard, M. Lagardère a déclaré : “personne n’a été condamné, l’enquête est en cours, il n’y a pas de raison de ne pas appliquer les règles du contrat de Noël Forgeard”. La gouvernance d’EADS a aussi été au coeur des interpellations des actionnaires indépendants. L’ambiance a été studieuse, mis à part quelques cris de colère lorsqu’Arnaud Lagardère a annoncé que l’enquête ouverte par le conseil d’administration en octobre 2006 sur les causes des retards de l’Airbus A380 n’avait pas permis d’identifier de “responsabilité personnelle”. Un petit actionnaire néerlandais, Cyril Farquhason, pilote retraité, s’est taillé un beau succès en lançant : “je n’ai entendu ici ni pardon ni +je suis désolé+, vos performances sont-elle si bonnes?” “Nous sommes désolés et entièrement dévoués à ce plan de redressement”, a répondu Louis Gallois, président d’Airbus et coprésident exécutif d’EADS, en réaffirmant la nécessité de mener à bien Power8 pour tenir la prévision de retour d’Airbus au bénéfice en 2008. “S’il faut dégraisser, commencez par les co-présidences”, a relancé le porte-parole de l’association d’actionnaires néerlandais VEB, Errol Keyner, tandis que plusieurs autres actionnaires mettaient en cause la direction bicéphale du groupe. Tom Enders, l’homologue allemand de Louis Gallois, a écarté ces reproches. “Dans la nouvelle Airbus, que construit Louis, nous avons secoué les cocotiers”, a-t-il dit. Plusieurs responsables de fonds d’investissement et de Sicav ont réclamé l’entrée au conseil d’administration de personnes “non-membres du pacte d’actionnaires”, “libres de tout conflit d’intérêt”, ainsi qu’un comité des rémunérations indépendant des coprésidents. Mais les petits actionnaires n’ont pas pris le pouvoir : le rapport d’activité, les comptes et le quitus donné aux dirigeants ont été votés à plus de 95%. |
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