Après Dow Jones, l’agence Reuters approchée en vue d’un rachat

 
 
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Le siège de l’agence de presse Reuters à Londres (Photo : Shaun Curry)

[04/05/2007 16:00:08] LONDRES (AFP) L’intérêt des investisseurs pour l’information financière s’est confirmé vendredi, le groupe britannique Reuters se trouvant cette fois en position de proie, trois jours après l’OPA lancée sur son concurrent américain Dow Jones par Rupert Murdoch.

Reuters a annoncé avoir été approché sans dévoiler l’identité de son courtisan, mais son concurrent canadien Thomson était désigné dans la presse et par les analystes, de préférence aux groupes américains Google et News Corp, holding de Rupert Murdoch.

La nouvelle a fait gagner jusqu’à 32% à l’action Reuters à la Bourse de Londres, valorisant le groupe à 8,1 milliards de livres (environ 11,9 milliards d’euros). Le titre a grimpé à 649,75 pence, au plus haut depuis janvier 2002. Il a toutefois valu 2,5 fois plus cher en 2000.

Selon le journal canadien Globe and Mail, qui cite des personnes proches du dossier, le groupe canadien négocie avec Reuters et espère lancer une OPA rapidement. Les deux intéressés n’ont pas souhaité faire de commentaires.

La famille Thomson de Toronto contrôle 40% de Globemedia, propriétaire du Globe and Mail, et 70% du groupe Thomson, qui emploie 32.000 personnes pour un chiffre d’affaires de 6,7 milliards de dollars en 2006.

Pour les analystes, Thomson, entré récemment sur le marché de l’information financière en rachetant à l’AFP sa filiale AFX News, est un bon candidat au rachat, la mise en vente de sa branche éducation pour un montant estimé à 5 milliards de dollars lui donnant la puissance de feu nécessaire.

“Thomson et Reuters iraient bien ensemble et parce qu’il est déjà présent sur le secteur, Thomson pourrait faire d’importantes économies de coûts”, a jugé la maison de courtage Numis Securities dans une note.

“Il n’est pas certain qu’une offre d’achat formelle sera faite, ni que les autorisations nécessaires, dont celles requises par les statuts de Reuters, seront délivrées”, a souligné pour sa part Reuters dans un communiqué.

Ces statuts interdisent à tout actionnaire de posséder 15% ou plus du capital de l’entreprise. Une fondation chargée d’assurer “l’indépendance et l’impartialité” du groupe peut en outre bloquer tout rachat, grâce à une “golden share” lui assurant 30% des droits de vote en assemblée générale. Mais une reprise du groupe à l’amiable est possible.

La presse économique est en ébullition depuis le lancement, mardi aux Etats-Unis, d’une OPA de 5 milliards de dollars par News Corp sur Dow Jones, propriétaire de l’agence de presse du même nom et du Wall Street Journal.

Le groupe américain est un concurrent de Reuters dans ce secteur, mais ce dernier, s’il est surtout connu mondialement comme agence de presse, tire plus de 90% de ses revenus des services financiers, où il est présent depuis 1851.

Reuters fournit en particulier aux banques, maisons de courtage et fonds d’investissement quantité de données en temps réel (cours des actions, des monnaies, des matières premières, des obligations, etc.) et leur sert aussi de plate-forme d’échanges pour certains produits.

Dans ce domaine, le groupe compte 14.500 salariés et 370.000 clients, pour un chiffre d’affaires de 2,4 milliards de livres en 2006. Outre Thomson, son grand rival est le groupe américain Bloomberg.

Son agence de presse (texte, photographie, vidéo) emploie quant à elle 2.400 personnes dans 131 pays, pour un chiffre d’affaires de 170 millions de livres en 2006 (249 millions d’euros au taux de change actuel).

Après une perte record en 2002, Reuters a taillé dans ses effectifs, supprimant 3.000 emplois et délocalisant en Asie. Il s’attache depuis à renforcer sa présence dans les pays émergents, en particulier en Chine et en Inde, où le marché de l’information financière et des transactions électroniques est en plein boom.

 04/05/2007 16:00:08 – © 2007 AFP