[04/05/2007 17:02:05] MADRID (AFP) Les grandes manoeuvres en cours depuis des mois dans le secteur du tabac ont redoublé d’intensité vendredi avec l’entrée en lice de deux fonds d’investissement qui proposent 12,8 milliards d’euros pour le franco-espagnol Altadis, déjà visé par le britannique Imperial Tobacco. Le fond européen CVC et le français PAI Partners ont approché Altadis, 5e groupe mondial du secteur, et présenté une offre préliminaire qui pourrait déboucher sur une OPA au prix indicatif de 50 euros par action, soit un total de 12,8 milliards d’euros. A la Bourse de Madrid, l’action d’Altadis a terminé la séance au-dessus de 50 euros, à 50,30 euros, soit une hausse de 3,67% dans un marché qui a terminé en hausse de 1,56%. Les deux fonds ont conditionné une éventuelle offre à plusieurs conditions, comme sa recommandation formelle par le conseil d’administration d’Altadis (qui se réunira dans les prochains jours), ou l’obtention d’au moins 75% du capital. Cette approche avait déjà été éventée par la presse il y a quelques semaines. Les deux fonds d’investissement ont semblé récemment se dégager des marges de manoeuvres. CVC a abandonné ses projets de rachat de la chaîne de supermarchés Sainsbury et PAI Partners est en train de céder le groupe d’eau et de propreté Saur pour un peu plus d’un milliard d’euros. De plus, un homme peut faire l’interface entre Altadis et CVC: Carlos Colomer Casellas, qui siège au conseil d’administration du cigarettier et au comité consultatif du fonds d’investissement. L’annonce a hérissé les syndicats. Les fonds “ne donnent pas de garanties sur l’activité, ils viennent pour voir comment obtenir le plus grand bénéfice et peuvent récupérer leur investissement sur le dos des salariés”, a déclaré un dirigeant du syndicat espagnol CCOO à l’agence Europa Press. Ces fonds “tendent à fractionner, vendre, reconvertir et fermer des centres” a-t-il ajouté. Le groupe Altadis emploie 27.000 personnes, principalement en France et en Espagne. Le mouvement de CVC et PAI vient jeter une pierre dans le jardin d’un autre groupe de tabac, Imperial Tobacco, qui lorgnait Altadis dans un secteur en pleine consolidation industrielle. Imperial Tobacco — qui n’a pas fait de commentaires sur l’annonce de CVC et PAI– a approché Altadis en mars et propose d’offrir 47 euros par action, le valorisant à 12 milliards d’euros. Mais le groupe, né de la fusion du français Seita et de l’espagnol Tabacalera, a rejeté par deux fois les approches du britannique, les jugeant insuffisantes. L’offre britannique “ne reflète pas la valeur stratégique du groupe, ni de ses actifs uniques ni de ses perspectives de croissance”, selon Altadis qui a jugé l’approche “opportuniste” car lancée alors que ses résultats étaient affectés par des changements de règles fiscales en Espagne. Altadis commercialise notamment les célèbres françaises “Gauloises” mais jouit aussi et surtout d’une position de leader mondial sur le marché des cigares, avec son fleuron Corporacion Habanos qui commercialise les marques Montecristo, Cohiba, Romeo y Julieta ou Partagas. Cette branche luxe pèse plus de 22% du chiffre d’affaires global d’Altadis, qui a été de 3,97 milliards d’euros en 2006. Imperial Tobacco (JPS, Peter Stuyvesant, cigarettes Davidoff) est le quatrième fabricant mondial, et son offre lui permettait de rester en piste dans un secteur en pleine effervescence. Cernés par des législations antitabac dans de nombreux pays, les groupes cherchent à s’unir pour réaliser des économies d’échelle toujours plus importantes dans un monde chaque fois plus hostile aux fumeurs. En décembre, le numéro trois mondial, Japan Tobacco (Camel, Winston), a fait une offre amicale de 14,5 milliards d’euros sur le numéro six mondial, le britannique Gallaher (Benson and Hedge, Silk Cut). Le numéro un mondial, l’américain Altria (Marlboro, Philip Morris), domine le secteur. Le numéro deux, British American Tobacco (BAT), qui vend Lucky Strike et Dunhill, n’a pas encore réalisé d’opération. |
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